Encore tout récemment, on associait la division moto de BMW à d'élitistes et dispendieuses montures de tourisme. Mais l'ambitieux plan de diversification que la firme de Munich a entrepris il y a quelques années l'a rendue méconnaissable.

L'arrivée d'une toute nouvelle génération de la F650GS poursuit cette métamorphose en 2008 en permettant à BMW de s'engager dans un créneau où on n'aurait jamais cru la voir, celui des modèles économiques. En effet, à 8999 $ pièce, la nouvelle F650GS offre aux potentiels acheteurs de Yamaha FZ6, de Suzuki V-Strom 650 ou de Kawasaki Ninja 650R, par exemple, l'opportunité de rouler en BMW pour une facture plus ou moins équivalente. Trop beau pour être vrai? Tout dépend de ce que vous recherchez.

Une précision à propos de la nouvelle F650GS est essentielle avant d'aller plus loin. C'est qu'il s'agit en fait d'une 800. Oui, ça prête à confusion, surtout que le catalogue BMW compte maintenant une autre moto nommée F800GS, elle-même une cousine très proche de la nouvelle F650GS à moteur 800... Vous suivez?

Le département du marketing de BMW est coupable de ce méli-mélo puisqu'il a insisté pour que l'appellation F650GS, utilisée depuis de nombreuses années sur une double-usage à monocylindre de 650 cc, ne soit pas abandonnée. On se retrouve donc avec une nouveauté portant le même nom, mais n'ayant pratiquement rien à voir avec la F650GS originale, et avec une moto dont l'appellation ne reflète pas la cylindrée.

Cette légère confusion n'enlève toutefois rien à la nouveauté, au contraire. Car en étant propulsée par un moteur à deux cylindres plus gros, plus puissant et plus souple que le monocylindre du modèle original, la nouvelle F650GS devient une routière beaucoup plus intéressante. Et comme si cela n'était pas suffisant, BMW a en plus trouvé le moyen de retrancher une somme considérable aux quelques 11000$ jadis demandés pour la F650GS. S'il est vrai qu'on achète de très bonnes motos pour les 8999 $ de la nouveauté, pour une BMW, il s'agit d'une aubaine.

La nouvelle F650GS a été conçue avec l'accessibilité au premier plan. BMW compte sur elle pour attirer une clientèle qui aurait écarté la marque allemande en raison de ses prix traditionnellement élevés, pour intéresser des pilotes plus ou moins expérimentés désirant simplement une bonne moto à tout faire, et même pour séduire la gente féminine qui encore aujourd'hui ne trouve que très rarement chaussure à son pied dans le motocyclisme.

Pour arriver à satisfaire une telle brochette d'utilisateurs, BMW s'est d'abord penché sur les proportions du modèle, pour finalement aboutir avec une monture très mince et très légère, et dont le niveau de maniabilité est exceptionnel. Toutes les manoeuvres sont réalisées presque instinctivement et sans besoin d'une grande expérience. Il ne s'agit pas de la plus incisive deux-roues en pilotage sportif sur une route sinueuse, mais la précision et la solidité du châssis sont établies de manière à permettre une conduite aisée et sans surprise. Les réactions nerveuses, que ce soit de la part de la direction ou des freins qu'on peut commander avec ABS en option , sont presque inexistantes. Quant aux capacités hors-route du modèle, elles demeurent étonnamment élevées, et ce, bien que la nouvelle F650GS n'ait clairement pas été conçue pour traverser le désert.

La faible hauteur de selle fera le bonheur des pilotes courts. BMW propose deux options pour l'abaisser encore davantage, une offre qui ravira assurément beaucoup de femmes. Une conséquence négative de cette particularité est que les pilotes aux longues jambes pourraient être gênés par la distance réduite qui sépare la selle et les repose-pieds. De plus, comme le rembourrage de la selle a été réduit afin de l'abaisser autant que possible, son confort n'est que moyen sur de longues distances.

L'un des plus grands bénéfices amenés par cette nouvelle génération est le passage à une plus grosse mécanique. Le nouveau moteur de 798 cc, un dérivé de l'excellent Twin parallèle qui anime les F800S et F800ST, n'est malheureusement pas aussi puissant que sur celles-ci, produisant 71 chevaux plutôt que 85. Il demeure toutefois agréablement souple et reste assez puissant pour que seuls les pilotes plus exigeants trouvent qu'il manque de souffle en conduite normale. Tous les autres devraient s'en déclarer satisfaits.

La nouvelle F650GS est une routière non seulement très différente, mais aussi beaucoup plus sérieuse et beaucoup plus désirable que le modèle qu'elle remplace. En prenant autant soin de protéger le côté accessible du concept, BMW en a fait - probablement de façon volontaire - une monture relativement inintéressante pour les pilotes expérimentés et exigeants. Comme pratiquement tout le reste du catalogue allemand s'adresse à ce type de motocyclistes et comme la grande majorité des montures offertes aujourd'hui est également dirigée vers ces pilotes avertis, le fait que la F650GS soit si clairement dirigée vers les «moins-qu'experts» est extrêmement rafraîchissant. Il est plus que temps qu'on s'occupe un peu d'eux.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la moto. Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par BMW.