Des caméras embarquées sur les voitures permettront bientôt la détection automatique de piétons engagés sur la chaussée, grâce à l'intégration de logiciels très performants, selon des travaux de chercheurs présentés à l'occasion du Salon de l'automobile.

Implantées sur les phares ou derrière le rétroviseur intérieur pour la détection vers l'avant, ces caméras seront couplées à des lidars (radars lasers) et à des radars, selon des responsables de R&D (recherche et développement) du secteur automobile réunis mercredi à Paris à l'initiative du Commissariat à l'énergie atomique.

Du même type que celles qui sont utilisées dans le multimédia, elles doivent fonctionner sans discontinuer, notamment à la sortie d'un tunnel, quand les conditions de lumière changent brutalement, a expliqué à l'AFP Didier Wautier, chef de section des aides à la conduite chez Renault.

Le piéton a été modélisé pour être distingué des autres obstacles. Les calculs sont réalisés par des composants informatiques également empruntés l'électronique grand public, très bon marché.

«On commence à voir arriver dans l'automobile des calculateurs d'une capacité de l'ordre de 100 milliards d'opérations par seconde et qui coûtent environ 10 euros (15 $)», explique M. Wautier.

Une fois le signal d'un piéton se dirigeant dangereusement vers le véhicule reçu et traité, reste à savoir comment l'information est transmise au conducteur, ou au moteur de la voiture.

Les signaux lumineux étant déjà nombreux sur le tableau de bord, un avertissement sensoriel, par exemple une vibration sur le volant, est envisagé.

Renault développe aussi des systèmes pour renforcer le freinage en cas de besoin, ou maintenir la distance avec le véhicule de devant quand le régulateur automatique de vitesse est utilisé.

Mais le constructeur n'envisage pas pour l'instant de système de freinage automatique d'urgence comme il en existe déjà sur certains modèles de voiture allemands ou japonais.

«Notre stratégie, c'est de toujours laisser le conducteur dans la boucle, de l'assister en lui signalant un danger», selon M. Wautier.

Au Japon, la réglementation oblige les constructeurs à intégrer, sur leurs modèles disposant de systèmes de détection embarqués, un freinage automatique fort.

Dans ce pays particulièrement technophile, «il y a une volonté de l'État de pousser à ce genre de système, et de lever les barrières juridiques. En Europe et aux États-Unis, on ne sait pas faire ça, car nous aurions un problème de responsabilité en tant que constructeur», explique le responsable de Renault.

«A terme, on peut imaginer des interventions avec des manoeuvres d'évitement, mais cela suppose d'avoir une connaissance complète de l'environnement du véhicule», précise également Benoist Fleury, directeur recherche sur l'aide à la conduite chez l'équipementier Valeo.

Car «il n'est pas question de faire un écart alors qu'une voiture est en train de passer».

Les caméras embarquées vont en outre permettre d'améliorer les systèmes de localisation des voitures en complément du GPS, qui ne fonctionne pas toujours dans les rues étroites ou les vallées encaissées, et pas du tout dans les tunnels.

Ces évolutions seront intégrées aux nouveaux modèles d'ici à 2012. Elles répondent à une tendance lourde de besoin de sécurité accru, a expliqué Riadh Cammoun, directeur du Laboratoire d'intégration des systèmes et des technologies (List) du CEA.