Obliger les fabricants de pneus à respecter les caractéristiques des véhicules neufs pourrait réduire la consommation d'essence de 2% à 3%, selon une étude d'un groupe de réflexion américain. Les coûts d'application de ces nouvelles règles seraient amplement compensés par les économies à la pompe.

«Pour réduire la consommation officielle de leurs véhicules, et donc respecter les normes officielles, les constructeurs les équipent de pneus qui ont une faible résistance au roulement», explique Therese Langer, directrice du programme des transports au Conseil américain pour une économie énergétiquement efficace, à Washington. «Il n'y a pas de bonne raison pour que les pneus de remplacement n'aient pas la même résistance.»

L'industrie traîne la patte parce que la faible résistance au roulement nécessite une certaine prouesse technologique, explique Mme Langer. «Les fabricants qui sont en retard ne veulent pas que les consommateurs le sachent. Et d'une manière générale, l'industrie automobile est allergique à la réglementation.»

Au Canada, il n'y a aucune mesure réglementaire relative à l'étiquetage des pneus. Transports Canada a toutefois indiqué que l'Association canadienne de l'industrie du caoutchouc étudie la possibilité de l'utiliser.

Un petit pas a été franchi aux États-Unis l'automne dernier, avec l'inclusion dans une loi sur l'énergie de dispositions qui obligeront dès 2009 les vendeurs de pneus à «informer» les acheteurs au sujet de la consommation d'essence et de la sécurité des différents modèles.

«On aurait aimé mieux un étiquetage», affirme toutefois Mme Langer.

La sécurité est au coeur du débat. Les critiques des «pneus d'origine» soutiennent qu'ils causent davantage d'accidents, mais deux rapports, soit ceux de l'État de la Californie et du Conseil national de recherche des États-Unis, ont montré que rien ne permet d'arriver à une telle conclusion.

Reste le prix. Selon Mme Langer, les pneus à faible résistance au roulement seraient soit un peu plus chers, soit un peu moins chers que les pneus actuels. «Mais au pire, on parle d'une différence qui sera amplement récupérée en moins d'un an avec les économies d'essence, particulièrement avec les prix actuels.»

La seule incertitude qui demeure concerne l'intervalle réel des changements de pneus. Si les automobilistes les gardent plus longtemps que le temps recommandé, les analyses de sécurité et de consommation pourraient être faussées. Mais selon Mme Langer, l'étude du Conseil de recherche a aussi tenu compte des ventes de pneus pour mieux rendre compte de la réalité.

Et les pneus d'hiver? Les deux rapports américains les ont exclus de leur analyse parce qu'ils sont peu utilisés chez nos voisins du Sud. De plus, les tests de consommation ne sont jamais effectués avec des pneus d'hiver.

Mais même si on considère que seuls les pneus d'été seraient visés par une future réglementation sur les pneus de remplacement, les économies de carburant pourraient atteindre 2%.