Si un sauveur de la dernière heure n'apparaît pas bientôt, Saab pourrait être dépecée. La technologie, les brevets et les moules de la marque scandinave pourraient se retrouver en Chine.

Cette hypothèse et d'autres font surface après que le fabricant de voitures de luxe Koenigsegg Automotive se soit désisté de son engagement à acheter Saab à GM. Cet abandon laisse Saab sans repreneur. Et les yeux sont tournés vers le chinois Beijing Automotive Industry Holding Corp (BAIC). BAIC était partenaire minoritaire du consortium dirigé par Koenigsegg, avant que cette transaction frappe le mur mardi.

 

Le gouvernement suédois a déjà exclu tout investissement public dans Saab, rapporte le quotidien Dagens Industri. En Suède, certains espèrent donc que BAIC profite du retrait de son partenaire pour racheter Saab tout seul. Mais la plusieurs analystes pensent que BAIC serait plutôt intéressé à acquérir certains des restes de Saab durant sa liquidation.

 

BAIC a indiqué mercredi qu'elle examine ses options et qu'elle demeure engagée à devenir un joueur mondial. «Au vu du retrait de Koenigsegg, nous allons réévaluer avec soin ce projet et prendre les décisions appropriées.»

 

La stratégie de BAIC est d'acquérir des marques d'autos étrangères et des technologies. Mais elle semble moins intéressée au défi plus complexe de gérer de Pékin le redressement d'une firme déficitaire, si loin de son marché national, estiment plusieurs analystes cités par l'agence de presse Reuters. Par conséquent, peu s'attendent à ce que BAIC joue son va-tout en avalant le passif qui vient avec cette marque iconique fondée par des ingénieurs aéronautiques suédois... mais déficitaire.

 

«L'abandon de Koenigsegg semble une chance pour BAIC, mais ce n'est pas sûr, dit Zhang Xin, un analyste de l'industrie automobile à l'emploi de Valeurs mobilières Guotai Junan. C'est vrai que BAIC ne possède pas de marque internationale à soi et qu'elle a désespérément besoin de technologie, mais il se peut qu'elle passe son tour et ne se serve pas.»

 

Son collègue Boni Sa, analyste chez CSM Worldwide, pense que BAIC pourrait faire une offre si elle peut choisir seulement certains éléments de Saab, par exemple les modèles courants les plus anciens de la gamme Saab. «Je pense qu'ils vont s'essayer s'ils ont une chance d'acheter les vieilles plates-formes des Saab 9-5 et 9-3. Même si ces technologies sont un brin désuètes, c'est mieux que rien pour BAIC.»

 

Pas d'aide publique

 

Même si la vente de Saab à Koenigsegg Automotive a capoté mardi, General Motors semble conserver espoir de vendre sa filiale déficitaire, affirme un ministre suédois. «J'ai parlé à GM hier soir et j'ai l'impression qu'ils n'ont pas lancé la serviette», a dit Joran Hagglund, secrétaire d'État au ministère de l'Industrie de Suède. Espérons pour Saab et ses employés, parce que le gouvernement de centre-droite qui dirige la Suède a exclu tout plan de sauvetage impliquant des fonds publics. S'il existe un sauveur, il est privé, a dit la ministre de l'Entreprise Maud Olofson. Elle aussi estime qu'il y a encore un peu d'espoir, mais elle admet qu'il est minuit moins cinq pour Saab: «Avec chaque jour qui passe, le défi est plus grand.»

 

GM, qui s'est dit très déçu du capotage de la vente de Saab à Koenigsegg, s'est donné au moins jusqu'à la semaine prochaine (à la réunion mensuelle de son conseil d'administration) pour évaluer ses options face à sa filiale déficitaire dont elle croyait s'être débarrassée mais qui lui retombe sur les bras.

 

Plusieurs analystes estiment que GM ne peut pas se permettre de garder Saab, alors que la firme de Detroit est en train de faire une douloureuse restructuration de sa filiale européenne Opel. Cette dernière a déjà trop de capacité en Europe. Pour GM, garder Saab alors qu'elle coupe partout ailleurs ne ferait que compliquer une tâche déjà complexe.

 

Si aucun autre acheteur ne se manifeste, GM aurait comme seule option d'essayer à nouveau de la vendre ou, plus probablement, de mettre la clef sous la porte.

 

Sources: Dagens Industri ; Agence Reuters ; AutoObserver.