General Motors lance la serviette: la firme de Detroit vient d'envoyer à la casse l'idée de vendre sa marque de petits camions Topkick et Kodiak, après avoir essayé pendant quatre ans. Elle ferme boutique et cessera la production de ces camions le 31 juillet.

Ce faisant, GM se défait aussi de la plate-forme qui a servi à monter la désormais célèbre Bama-mobile. En effet, la plus récente limousine présidentielle, comporte tellement de blindage et d'équipements sophistiqués que les ingénieurs de GM avaient décidé de la monter sur un châssis de GMC Topkick. L'énormité et le poids de la limo (qui a cependant l'air d'une Cadillac) lui ont valu d'être surnommée «La Bête» par les agents qui veillent à la protection rapprochée du président lors de ses déplacements.

GM a annoncé l'abandon de la marque et de ce secteur par communiqué de presse. Le président de GM, Fritz Henderson, a dit que l'investissement dans ce type de camions n'a pas été un succès financier.

Le Topkick : un secret d'État GM ?

GM n'a pas voulu dire comment l'abandon du Topkick affecterait sa capacité à fournir à la Maison Blanche des limousines présidentielles. La compagnie n'a pas voulu dire non plus si elle a une autre plate-forme pouvant recevoir ces limousines poids-lourd.

«Malheureusement, pour des raisons de sécurité, nous n'avons pas le droit de discuter des aspects techniques spécifiques de ce véhicule, a dit Jim Hopson, chargé du dossier Topkick aux relations médias de GM à Detroit. Cependant, vous devez savoir qu'il est construit selon un devis du gouvernement (américain).»

Le journaliste de La Presse Auto/MonVolant.ca a attendu un instant pour voir si le courriel s'autodétruirait après quelques secondes, mais non.

Mais GM a eu le droit de dire ceci sans mettre la sécurité nationale des États-Unis en danger : «Évidemment, nous sommes honorés de jouer un rôle dans la construction de cet important véhicule, comme nous l'avons fait pour de nombreux présidents depuis de nombreuses années. Nous espérons en construire d'autres à l'avenir.»

Les GMC Topkick et le Chevrolet Kodiak - qui étaient assemblés à l'usine de Flint, au Michigan -  étaient des camions de livraison, des remorqueuses ou des camions d'ordures, mais ils avaient connu un certain succès auprès des fabricants d'autocaravanes. Bon nombre ont aussi été vendus aux forces policières, aux services d'incendies et aux compagnies d'ambulances.

Un camion à la couenne et à la suspension dures

Les policiers s'en servaient pour le transport de détenus et les pompiers comme poste de commandement mobile. Les services ambulanciers du Québec ont toutefois eu une relation d'amour-haine avec l'ambulance très spacieuse que permettait ce gros véhicule. Au début, les ambulanciers d'Urgence-Santé appréciaient la place qu'ils avaient pour s'activer autour des patients mais, après quelque temps, ils se sont plaints qu'eux-mêmes et leurs patients se faisaient secouer comme des pommiers quand le camion roulait vers l'hôpital.

Le Topkick est même devenu un sujet d'étude scientifique quand deux chercheurs de l'Institut de recherche en santé et en sécurité du travail du Québec ont conclu que la suspension n'absorbait que 6 % des impacts et qu'elle était «trop rigide».

GM a négocié longtemps avec son partenaire japonais Isuzu Motors. En février dernier, GM espérait encore une transaction qui aurait gardé l'usine de Flint en production au moins jusqu'en 2014. Une autre entente avec le fabricant américain de camions Navistar a échoué.

Environ 525 employés de GM (dont 400 en usine) sont voués à la fabrication des Topkick et Kodiak aux installations de Flint. En 2008, ils ont produit 22 000 de ces gros véhicules. Deux ans plus tôt, 59 000 unités avaient été vendues. Les employés recevront une offre de préretraite ou de réaffectation ailleurs chez GM. Une autre ligne d'assemblage de l'usine de Flint produit les camionnettes Chevrolet Silverado et GMC Sienna. Cette unité distincte emploie 1600 autres employés.

Sources: General Motors et Associated Press

Photo Bloomberg

La Chevrolet Kodiak C4500