C'est fait et on ne reviendra plus en arrière. Pour les Québécois, seul le pneu à neige aura droit de cité sur nos routes dès cet hiver. Toutefois, L'Auto n'a pas attendu l'entrée en vigueur de cette loi pour mettre à l'essai et recommander l'utilisation de quatre pneus d'hiver.

Depuis quelques années, nous avons mis en situation les meilleurs produits sur le marché, et ce, pour les évaluer selon une douzaine de critères des plus pertinents: motricité, freinage, virage, silence de roulement, etc. Il y a deux ans, nos tests avaient mis en compétition des pneus destinés aux voitures compactes dans la grandeur 195/65R15. Puis, nous avons fait de même pour les VUS compacts, l'an dernier, en testant des pneus de taille 225/70R16. Il faut savoir que les pneus ont des cycles de vie, tout comme les automobiles. Ainsi, il est bon de préciser que les classements antérieurs ne sont plus aussi valables, aujourd'hui, puisque de nouveaux produits se sont ajoutés.

Le consommateur doit souvent choisir entre deux modèles de pneus de la même marque: un modèle plus performant et nécessairement plus cher, et un modèle d'entrée de gamme plus abordable. Quand on multiplie les marques, il est difficile de s'y retrouver.

Pour le test de cette année, nous avons donc choisi une grandeur charnière, soit 205/55R16, qu'on retrouve sur les Honda Civic et Mazda 3, mais aussi sur des modèles plus luxueux et sportifs comme les Acura, Mercedes et Jaguar. Nous avons installé des produits des principaux manufacturiers de pneus sur deux voitures (Honda Civic DX-G) dépourvues de contrôle de la traction et autres aides à la conduite - seuls les freins ABS étaient de série. Les essais ont été réalisés sur une aire enneigée et glacée, et d'autres sur des routes dégagées et sèches. Tout y est passé et a été mesuré à l'accéléromètre et au sonomètre : accélération, freinage, prise de courbe à basse et haute vitesse, agrément de conduite et niveau du bruit.

Nos tests de cette année ont aussi démontré qu'on n'obtient pas un meilleur pneu d'hiver en choisissant un modèle de performance (à cote de vitesse élevée) au détriment d'un modèle d'entrée de gamme. Certes, un pneu avec une cote de vitesse supérieure (V par exemple) procurera une meilleure tenue de route sur asphalte sec, mais il ne sera pas plus incisif dans la neige ou sur la glace, au contraire.

En conclusion

Les manufacturiers qui ont accepté de participer à notre match sont tributaires en grande partie de la recherche et du développement dans le domaine des pneus d'hiver. Au fil des ans, ils ont su concocter les meilleures recettes de polymères, de noir de carbone, de silice, de nappes et de diverses technologie pour produire ce qui se fait de mieux. Somme toute, aucun des pneus essayés lors de ce test n'est mauvais comparé à certains produits qui nous proviennent d'autres parties du globe (Corée-du-Sud, Chine, etc.).

Si vous désirez maintenir une conduite sportive en hiver, vous pouvez opter pour un pneu de performance, mais ne vous attendez pas à mieux vous débrouiller dans une tempête de neige. De toute façon, l'industrie, même si elle conserve un mutisme inquiétant à ce sujet, s'accorde pour dire en secret qu'une cote de vitesse inférieure fait aussi bien sinon mieux en hiver.

Voici donc les résultats de nos essais, cuvée 2008. Cliquez ici pour consulter les tableaux comparatifs.

1 > Michelin X-Ice II

Enfin, Bibendum peut monter sur la plus haute marche du podium. Le X-Ice II a été un choix unanime. Si le X-Ice de première génération était agréable à utiliser mais manquait de mordant, la deuxième génération a corrigé le tir. Sa nervure centrale procure une bonne stabilité et sert à l'évacuation de la neige. Par ailleurs, les nombreuses nervures sont assorties de colonnes d'absorption pour faciliter l'adhérence. L'épaulement carré et rigide procure une bonne prise en virage, mais le flanc assez flexible lui permet de conserver une grande douceur de roulement. Quant à ceux qui vous diront que les pneus faits au Japon sont meilleurs, ils n'ont pas tort : c'est là que le X-Ice II est fabriqué.

2 > Yokohama W-Drive

Il s'agit probablement du meilleur des pneus d'hiver de performance à cote de vitesse «V» de l'industrie. Sa semelle asymétrique, son protecteur de jante, son flanc rigide et sa faible profondeur de gomme (10/32e de pouce) font partie des attributs sportifs qui lui assurent une tenue de route supérieure à un pneu d'hiver conventionnel. Mais les trois larges nervures longitudinales qui avalent neige et gadoue lui enlèvent trop d'appui en slalom sur la neige et dans la glace. De plus, le pas constant des blocs et l'espace de dégagement le rendent plus bruyant que la moyenne.

3 > Nokian Hakkapeliitta R

Le Hakkapeliitta R est le sherpa des pneus d'hiver. Ce Nokian, dont la semelle ressemble à un ancien pneu à pluie de Formule 1, propose un protecteur de jante et une construction robuste. En contrepartie, le conducteur doit composer avec une profondeur de gomme de 12/32e, l'absence d'une rainure centrale, et d'un flanc un peu trop souple. Il en résulte un pneu qui a du mordant sur la glace et un excellent freinage. Toutefois, il a tendance à s'écraser dans les courbes. Bref, si vous ne recherchez pas la conduite sportive et que vous vous rendez régulièrement en région, le Hakkapeliitta R représente un choix judicieux. À noter que Nokian nous avait fourni ce pneu en primeur lors du test, mais son lancement a été retardé à l'an prochain. En attendant son arrivée, il faudra se satisfaire de l'excellent Hakka 5.

4 > Bridgestone Blizzak WS60

Le célèbre Blizzak reprend du service, et le vétuste WS50 a été remplacé par le WS60. Bridgestone ne présente jamais des semelles aguichantes mais le design est efficace et la cote de vitesse «R» a aussi été retenue. Les blocs rainurés sont accrocheurs et procurent une bonne motricité et un freinage adéquat. Par contre, le flanc est dur, si bien qu'à basse vitesse on peut prendre un virage sans peine; si on pousse trop cependant, il devient sous-vireur. La nouvelle technologie ajoute un protecteur de jante et ses trois rainures centrales assurent une bonne stabilité. Il est assez bruyant, mais vous retrouverez le Blizzak que vous avez aimé, et cette fois avec une longévité accrue.

5 > Bridgestone Blizzak LM-25

Le LM-25 propose une technologie très différente de son frère WS60, puisque c'est un pneu de performance (cote de vitesse H) disposant de quatre rainures centrales, de blocs rigides et d'un flanc souple. Il se défend bien dans des conditions hivernales, mais on l'apprécie davantage sur asphalte sec. Il se distingue également par sa douceur de roulement. Même si le LM-25 donne un rendement satisfaisant, nous préférons affronter les affres de l'hiver avec le WS60. La preuve qu'on peut choisir un pneu moins performant - et moins cher - pour passer un hiver en toute sécurité.

6 > Goodyear Eagle Ultra Grip GW-3

Le GW-3 est sur le marché depuis un moment déjà, et il représente l'exemple même du compromis pour rouler sur le sec ou la glace. Tout est rigide dans ce produit, de la carcasse aux blocs qui ont des traits droits en guise de rainures au lieu des zigzags traditionnels. Accrocheur sur le sec et le mouillé grâce à sa semelle unidirectionnelle et ses épaules arrondies (cote de vitesse H), il faut le pousser pour qu'il décroche. Bref, il demeure efficace dans toutes les circonstances.

7 > Yokohama Ice Guard IG 20

Le IG 20 fait penser à une véritable éponge, tellement on peut enfoncer ses doigts dans ses blocs de gomme fortement nervurés. Il est la continuation d'une belle lignée de produits hivernaux japonais qui ont incorporé savamment la silice et les flocons de carbone pour augmenter sa longévité. Mais au cours des dernières années, le IG 20, qui avait très bien fait lors du test de 2006, a perdu quelques rangs face à des produits qui repoussent les limites de l'adhérence. À cause du design de la semelle et de l'agencement des blocs et des nervures, il s'avère également très silencieux.

8 > Goodyear Ultra Grip Ice Performance

Au cours des dernières années, Goodyear a été plus occupé à sortir du marasme financier qu'à mettre au point une nouvelle gamme de pneus d'hiver. Malgré tout, son Ultra Grip Ice Performance offre des caractéristiques acceptables. D'où la maxime: on ne change pas une recette gagnante. Les trois nervures longitudinales de sa semelle asymétrique procurent une bonne tenue de route. Le freinage est moyen et l'appui latéral diminue rapidement en slalom. Cependant, pour avoir mis ce pneu à l'épreuve à plusieurs reprises, nous vous assurons que la longévité est au rendez-vous.

9 > Pirelli Winter Carving Edge

Si vous recherchez un pneu esthétique au joli design, le Winter Carving de Pirelli est tout désigné. Autre caractéristique non négligeable, on peut lui mettre des crampons; c'est d'ailleurs le seul de ce test à posséder cette caractéristique. Ce qui s'avère un avantage pour ceux qui roulent souvent à la campagne sur des routes enneigées ou glacées. Malgré quelques petites hésitations sur les surfaces glacées, ce pneu a toujours fini par s'accrocher dans les courbes, même s'il en a arraché en slalom (probablement parce que sa semelle est dépourvue de rainures centrales). Il propose également des départs plus lents, alors que les arrêts sont plus énergiques. Par ailleurs, il s'agit d'un autre cas où nous avons préféré le modèle moins onéreux d'un manufacturier au détriment de son pneu de performance plus cher, en l'occurrence le Sotto Zero Winter 210.

10 > Michelin Primacy Alpin PA3

Alors que le nouveau X-Ice II nous a fortement impressionné, nous avons été déçus de ne pas retrouver les mêmes propriétés dans ce Michelin Alpin. Le pneu a tellement de surface ajourée qu'on se demande comment il peut faire le boulot quand si peu de caoutchouc adhère au sol. La motricité est bonne parce que la semelle unidirectionnelle est agressive, mais le freinage en souffre. Comme bien des produits dans ce créneau, le Primacy Alpin PA3 est très rigide et ses épaulements bien arrondis. Un Michelin japonais? Non, allemand cette fois, du type fait pour rouler sur les autobahns à haute vitesse et le moins souvent possible dans la neige.

11 > Pirelli Sotto Zero Winter 210

Il s'agit d'un pneu de conception européenne-assemblé en Italie-doté d'une belle semelle asymétrique. Du côté extérieur, il dispose de blocs très fermes et de deux larges rainures qui nettoient la surface et optimisent la performance. De l'autre, un design tout en courbes et bien rainuré qui permet à la partie intérieure de mieux travailler dans la neige. Mais sa gomme dure qui fait si bien sur le sec perd de son adhérence latérale en appui sur la glace et la neige. Cependant, le niveau de décibels est fort acceptable et on apprécie sa douceur de roulement. Dans ces gammes 210 et 240, Pirelli offre rien de moins que 97 dimensions. C'est de loin le plus complet.

12 > Nokian WR G2

Nokian, un manufacturier dont l'expertise en hiver n'est plus à démontrer, présente sur le marché canadien ce pneu quatre saisons (d'hiver) qui offre des propriétés hivernales incontestées. À preuve, il arbore sur son flanc le logo requis de la montagne et du flocon de neige. Si vous devez remettre un véhicule de location d'ici à 18 mois, c'est le meilleur choix. Il fera mouche en hiver et on ne pourra exiger de vous un autre jeu de pneus lors du retour chez le concessionnaire. Fabriqué en Finlande, pays dont le climat ressemble à celui du Québec, le WR a une cote de vitesse «H», une semelle asymétrique, et un protecteur de jante. Bref, il réunit tous les ingrédients pour coller au bitume et mordre dans la neige. Il s'agit d'un heureux compromis qui fait merveille en Europe.

13 > Dunlop SP Winter Sport 3D

Même s'il est le moins bon des meilleurs, il est nettement supérieur aux produits de la Corée-du-Sud ou de la Chine. Ce Dunlop allemand est muni de deux profondes rainures centrales pour évacuer la neige et d'une large bande avec des blocs en croisé pour un maximum d'adhérence. Toutefois, sa technologie commence à dater et sa gomme trop souple profiterait d'une mise à jour. Il faut dire que Dunlop appartient à Goodyear. Son silence de roulement et sa robustesse sont ses principaux atouts.

L'auteur tient à remercier Michel Poirier-Defoy, journaliste automobile à CKAC Sport 730, Info 690 et L'auto 2009, pour sa précieuse collaboration. Ainsi que Nadia Mereb de Honda Canada; Luc Ouimet de Carrière Bernier; Pneu MacDonald à Saint-Eustache; Les Pneus Robert Bernard à Saint-Jean-sur-Richelieu, ainsi que la Station Mont Tremblant.