Exigeant, épuisant, contraignant et suffocant. Voilà les quatre adjectifs couramment utilisés ces dernières années pour décrire le souvenir laissé par l'Aventador quand on s'extirpe de son cockpit. Comme les Countach, Diablo et Murciélago, ses coriaces ancêtres, l'Aventador ne manque pas de panache - loin de là -, mais plutôt de manières. Aujourd'hui, dans sa configuration S Roadster (506 751 $), plus puissante encore, et ébouriffante par-dessus le marché, la plus bestiale des Lamborghini prétend s'être amadouée un peu. L'ajout d'un dispositif à quatre roues directrices explique en grande partie cette nouvelle facette de son caractère. D'ailleurs, sa conduite ne ressemble en rien - ou si peu - à la séance de musculation pratiquée dans un sauna que sa conduite nous réservait autrefois.

Fendre l'air

Au premier coup d'oeil, le profil de l'Aventador S apparaît inchangé. Pourtant, dans le détail, le tranchant de ses lignes est plus aiguisé encore pour fendre l'air, et la naissance, çà et là, de nouvelles écopes et de brèches dans la carrosserie favorise le refroidissement des organes mécaniques et polarise les mouvements de l'air pour réduire la traînée aérodynamique et améliorer la déportance, histoire de mieux scotcher ce bolide au sol.

Quatre roues directrices

Dans le cadre d'une utilisation quotidienne, la présence du système à quatre roues directrices rend la conduite de l'Aventador S nettement plus civilisée et agréable. Celui-ci permet, dans un premier temps, de réduire de manière impressionnante le rayon de braquage et la maniabilité de ce bolide, et ce, malgré la présence de pneumatiques dont la surface de contact équivaut à l'empreinte d'un éléphant. Dans un second temps, les bienfaits de ce dispositif se font sentir à haute vitesse: l'Aventador S apparaît encore plus stable, mais surtout plus agile lorsque vient le moment de l'inscrire dans les virages.

Quatre roues motrices

L'Aventador S - tout comme sa devancière, l'Aventador - repose sur des suspensions pilotées électroniquement qui, en dépit des réglages, supportent mal la présence de trous et de bosses sur la chaussée. Pour faciliter la prise en main beau temps, mauvais temps, cette Lamborghini épouse, de série, un rouage à quatre roues motrices à prise temporaire. Ces roues se trouvent entraînées par une boîte à sept rapports aux réactions plutôt sèches, voire brutales, afin d'encaisser la formidable force de couple du moteur auquel elle est associée. La direction, grandement assistée par le dispositif à quatre roues directrices, se révèle plus agréable au quotidien et, progrès aérodynamique aidant, moins agitée à vive allure.

Panneaux amovibles

La version S Roadster ne pèse que 50 kg de plus que le coupé. Le toit, composé de panneaux amovibles que l'on retire ou met en place manuellement, pèse tout juste 6 kg. Les panneaux peuvent être remisés dans le coffre qui se trouve à l'avant. Et pour bien entendre le crescendo du V12 ou encore mettre un peu de désordre dans vos cheveux, la délicate lunette arrière s'enfonce automatiquement dans la carrosserie. Le plus important à retenir est que cette prise de poids ne touche guère les performances, puisque l'écart entre le coupé et le roadster équivaut à un long battement de cils. Avec un 0 à 100 km/h bouclé en 3 secondes et une vitesse de pointe de 350 km/h.

Le son du V12

Avant que le règne de l'électrique l'emporte, il faut entendre au moins une fois dans sa vie le son du V12 Lamborghini dont la tonalité est beaucoup plus aiguë que tous les moteurs de cylindrées équivalentes des 50 dernières années. Des V12 Ferrari, Jaguar, Mercedes ou BMW, aucun ne pousse la note aussi haut que le Lamborghini, jusqu'à vous vriller les tympans. Atmosphérique et d'une cylindrée de 6,5 L, ce moteur de 740 ch implanté en position centrale arrière produit 40 ch de plus que celui qu'on utilisait dans la version antérieure. Ça pousse fort et ça consomme tout autant, avec une moyenne de 21 L au 100 km...

Fibre de carbone

Comme Lamborghini a fait de la construction légère en carbone sa nouvelle carte de visite, l'Aventador S y a abondamment recours. Pour renforcer sa coque en polymère, pour la réalisation des éléments de carrosserie et pour l'habillage de l'habitacle. Résultat: un poids à sec d'un peu moins de 1600 kg. Considérant la masse de son moteur et ses dimensions extraordinaires, cela relève presque de l'exploit. En matière d'électronique et de connectivité, la firme italienne s'en remet aujourd'hui plus que jamais à son propriétaire Audi. Un bénéfice dont l'Aventador S ne tire pas parti pleinement puisque sa conception avait été figée bien avant que la marque allemande acquière la maison de Sant'Agata Bolognese.

Du caractère

Même dans sa version S Roadster, les portières en élytres demeurent, mais l'absence de toit rend l'accès et la sortie de ce véhicule moins problématiques que de coutume. Les deux occupants se trouvent ici séparés par une large console parsemée de boutons. Les sièges sont confortables sur de courtes et moyennes distances, et l'espace pour les pieds est plutôt étriqué. La visibilité est nulle vers l'arrière et sur les côtés, et les rangements dignes de ce nom sont inexistants. Et le coffre, n'en parlons pas. Surtout si les panneaux du toit s'y trouvent. L'Aventador S a tout un caractère, c'est vrai, mais dans un monde envahi de véhicules insipides et sans saveur, on peut aussi fort bien s'en accommoder.