Karen Lemay ne pensait certainement pas que sa vie basculerait à 16 ans. « J'ai eu un grave accident de la route il y a un an. On était cinq dans la voiture, on allait à une fête et mon amie au volant avait pris de la drogue. Elle a omis un stop et une voiture en excès de vitesse nous a percuté à 120km/h», a expliqué mercredi la jeune fille lors d'une conférence de presse de l'Hôpital de Montréal pour enfants (HME).

Selon la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), 12 047 conducteurs québécois âgés de 16 à 19 ans ont été impliqués dans des accidents automobiles ayant causé des blessures et 35 jeunes conducteurs ont entraîné la mort, durant l'année 2008.

 

Des chiffres que la SAAQ constate stables, puisqu'en 2007, 177 jeunes conducteurs avaient été impliqués dans un accident avec décès et plus de 12 000 dans des accidents avec blessés.«J'ai passé deux mois à l'hôpital. J'avais cinq fractures du bassin, cinq cotes cassées, des lacérations du foie, de la rate et d'un rein, une rupture de la vessie, un traumatisme crânien léger et une hémorragie interne. Lors de l'accident j'ai perdu trois litres de sang», a confié Karen.

 

Une énumération impressionnante que la directrice du département de traumatologie de l'HME, Debbie Friedman, aimerait ne plus voir. «Le trauma est la première cause de décès et d'incapacité chez les jeunes adultes. Ils veulent affirmer leur indépendance, se pensent souvent invincibles et veulent vivre le grand frisson du moment», a-t-elle confié. Le constat est tel qu'ils boivent de l'alcool et prennent des drogues avant de conduire, font de la vitesse, montent dans des voitures bondées, ne portent pas de ceinture de sécurité et la toute dernière mode, font du «car-surfing».

 

Pour la directrice de la fondation Pensez d'abord Québec, Nathalie Auclair, «il est important de faire de la prévention chez les conducteurs dès le plus jeune âge. Avec la reprise des activités de loisirs et le bal des finissants, nous devons renforcer la communication auprès des élèves de secondaire cinq.»

Porte-parole de l'organisme Héma-Québec il y a 2 mois pour soutenir les collectes de sang, Karen Lemay, ne vit plus vraiment comme avant. «J'ai des cicatrices et des problèmes de nerfs aux jambes quand je marche trop ou que je reste raide trop longtemps. J'ai très peur à l'arrière en voiture.»

«Les jeunes n'ont pas conscience des conséquences de leurs actes. Lorsqu'on passe dans les écoles et qu'on leur demande quel est le pire risque, ils nous répondent la mort», a expliqué Nathalie Auclair. «Mais non. Le pire dans un accident de la route est par exemple de devenir quadraplégique.»