Les dirigeants américains de Saab sont déjà en train de faire leurs boîtes pour quitter les locaux de GM au centre-ville de Detroit, même si la transaction finale avec le Suédois Koenigsegg n'est pas encore signée.

Saab ne déménagera pas bien loin. Personne ne sera surpris que la marque de voitures BCBG magasine des locaux dans un quartier branché et à la mode appelé Royal Oak, qui est le Plateau Mont-Royal, mais version Detroit.

Le magazine Leftlane décrit Royal Oak comme une «banlieue de Detroit jeune et stylée».

 

«Royal Oak semble correspondre aux caractéristiques démographiques de notre clientèle, a dit une porte-parole de Saab au quotidien régional Oakland Press. C'est un endroit très tendance.»

 

Royal Oak est en banlieue (dans le comté d'Oakland), elle jouxte Birmingham, la plus riche des villes-satellites agglomérées autour du coeur de Detroit. Saab examine un grand plain-pied qu'elle adapterait au coût de 2,2 millions de dollars et qui emploierait une cinquantaine de personnes. Mais l'affaire n'est pas décidée, Saab exige un congé d'impôt de 12 ans au comté d'Oakland.

 

La compagnie examine aussi la possibilité de retourner s'installer au Connecticut, où elle a eu son siège social américain durant une trentaine d'années jusqu'en 1992 (GM a acheté la moitié des actions de Saab cette année-là). Le constructeur avait déménagé près d'Atlanta, en Géorgie, de 1992 à 2004, année où GM a ramené la direction de Saab à Detroit.

 

La vente de la filiale suédoise de GM au constructeur spécialisé Koenigsegg devrait être signée d'ici quelques semaines.

 

Le contrat de vente de Hummer au Chinois Tenhzhong a été signé le 9 octobre, celui de l'Allemand Opel au Canadien Magna est imminent.

 

Un prêt de 600 millions

 

Par ailleurs, Saab a bon espoir de décrocher un prêt de 400 millions d'euros (612 millions de dollars canadiens) auprès de la Banque européenne d'investissement, le 21 octobre, et de voir sa reprise en main par le consortium d'investisseurs Koenigsegg Group définitivement bouclée dès novembre.

 

Le nouveau Saab indépendant est en bonne voie, rapporte le quotidien français Les Échos. De passage à Paris, mardi, Jan Ake Jonsson, président de Saab Automobile, s'est fait rassurant: les obstacles - principalement financiers - qui restent devant la vente au consortium d'investisseurs Koenigsegg Group sont en passe d'être levés, dit-il. Saab pourrait ainsi redémarrer en toute indépendance dès novembre.

 

À l'en croire, le gouvernement suédois est désormais prêt à apporter son «entier appui» à Saab et la BEI n'aurait plus guère de raisons de lui refuser son prêt de 400 millions d'euros. La prochaine réunion du conseil d'administration de la BEI est le 21 octobre.

 

Le gouvernement suédois est beaucoup mieux disposé à l'égard de Saab depuis que le constructeur automobile chinois BAIC a accepté de soutenir la transaction; ce qui dispense l'État suédois de sortir son portefeuille.

 

Wo! les moteurs, dit la ministre suédoise

 

La patron de Saab a fait ces déclarations au journal Les Échos en début de semaine.

 

Mais jeudi matin, le gouvernement suédois a pris une position qui pourrait repousser d'au moins deux mois la signature d'un contrat de vente définitif.

 

La ministre de l'Entreprise, Maud Olofsson, a déclaré à l'agence Reuters qu'il faudra «environ deux mois» avant que le gouvernement suédois puisse garantir l'emprunt de 400 millions d'euros que veut faire Saab. Cette garantie est une condition essentielle pour que l'achat par Keonigsegg se fasse.

 

En effet, le gouvernement suédois doit obtenir la bénédiction de la Commission européenne pour s'assurer que cette garantie de prêt ne contrevienne pas aux règles qui limitent le soutien de l'État aux entreprises. Si la Commission européenne jugeait qu'il y a un problème, la Suède et Saab pourraient se faire imposer des tarifs et la Suède devrait aller devant le tribunal commercial européen.

 

Le verdict de la Commission européenne devrait arriver «dans environ deux mois, je crois que c'est qu'ils ont dit», a dit la ministre Olofsson en marge d'une réunion de travail de ministres européens à Umea, dans le nord de la Suède.

 

Et elle a dit que le Suède ne peut garantir l'emprunt de Saab à la BIE avant que la Commission ne donne le feu vert. «On ne peut pas dire quand ça va arriver et la compagnie le sait. Je ne peux pas influencer la BIE ni la Commission à ce sujet», a-t-elle dit.

 

Des doutes sur Koenigsegg

 

Koenigsegg Group AB est un consortium d'investisseurs norvégiens, américains et suédois qui comprend le constructeur de voitures sport de luxe Koenigsegg Automotive AB.

 

Koenigsegg a signé avec GM une entente de rachat de Saab plus tôt cette année. Le groupe a obtenu l'appui financier et stratégique du constructeur de voitures chinois BAIC par la suite. BAIC, de Pékin, est une société d'État contrôlée par gouvernement chinois.

 

Néanmoins, des doutes subsistent sur la capacité du consortium de financer l'achat de Saab, puis d'assurer son développement futur.

 

Sources : The Oakland Press; Leftlane News; Les Échos

 

Photo AFP

Christian Von Koenigsegg, président de la firme Koenigsegg, a renoncé à l'achat de la filiale suédoise de GM, Saab.