Dévoilée en avant-première au dernier salon de l'automobile de Montréal, la Sportback a entrepris sa carrière canadienne au printemps dernier, soit peu de temps après l'arrivée de la nouvelle Mazda 3 Sport, sa cible avouée. Outre cette dernière, la Lancer Sportback tente également de détourner le regard (et les dollars) des acheteurs des Subaru Impreza, de Volkswagen Rabbit, Hyundai Elantra Touring et autres modèles à hayon offerts sur le marché.

Au Canada, deux livrées de ce modèle figurent au catalogue des concessionnaires dont une - en l'occurrence la Ralliart qui est l'objet de ce banc d'essai - pour satisfaire les amateurs de performances avec une mécanique suralimentée par turbocompresseur et un rouage à quatre roues motrices.

 

À l'intérieur, les sièges (trop) enveloppants sur lesquels nous reviendrons plus loin, le pédalier en aluminium, le volant gainé de cuir participent à cette frénésie sportive. Incorrigible, Mitsubishi propose hélas un coûteux - 5000$ - groupe d'options appelé «Premium», lequel intègre notamment une sellerie de cuir, la connectivité Bluetooth, le toit ouvrant, la navigation par satellite (GPS) et un détecteur de pluie chargé d'activer les essuie-glaces.

Légèrement plus longue que la berline (+15 mm), la Sportback, qu'elle soit Ralliart ou pas, dispose, une fois sa banquette arrière rabattue, d'un volume utilitaire équivalent à 1394 litres, soit plus que la Mazda ou encore la Subaru dans sa mire. Plus astucieux encore, la Mitsubishi permet de moduler la hauteur du plancher du coffre ou de dissimuler sous celui-ci des objets de valeur.

On se glisse non sans problème aux commandes de la Sportback Ralliart. Ses baquets avant - signés Recaro - sont si enveloppants, que les fortes tailles pourraient éprouver le besoin d'entreprendre un régime amaigrissant; et si hauts que les petites tailles s'y sentiront prisonnières. Ces baquets proposent (seulement) quatre possibilités de réglages, mais aucun ne permet de les élever. On regrette également l'absence d'une colonne de direction télescopique (elle n'est qu'inclinable), de sorte que tous ces éléments concourent à rendre difficile l'atteinte d'une position de conduite agréable pour tous et restreint considérablement le public tant recherché par le constructeur japonais.

Cela dit, après avoir procédé aux rares ajustements nécessaires pour trouver une position de conduite adéquate, l'oeil et la main se flattent des trop rares éléments sportifs greffés à l'habitacle. La possibilité d'en ajouter d'autres, mais à la condition d'y mettre le prix. La coquille trop dure du tableau de bord renferme une instrumentation plutôt pauvre (où est la jauge de suralimentation?) pour une automobile de cette catégorie. Avec deux cadrans regroupés derrière le volant, des boutons alignés comme à la parade, cette Mitsubishi nous fait pratiquement regretter l'époque de ses présentations dignes de la Guerre des étoiles. La qualité des matériaux est correcte, sans plus, mais c'est - encore - la finition inégale qui a retenu notre attention. Parmi les points forts de cette Lancer, retenons son volume habitable, l'un des meilleurs de la catégorie. La place n'est pas comptée, ni à l'avant ni à l'arrière.

Vive et agile

Derrière sa silhouette un brin frondeuse, la Sportback Ralliart révèle un caractère de braise dont on mesure les effets dès le premier contact avec la pédale d'accélérateur. Le cri du quatre-cylindres suralimenté par turbocompresseur remonte alors dans les entrailles, mais pas dans le volant. Avec 237 chevaux et 253 livres-pied de couple, il est vrai que cela commence à compter. Concrètement, cette Mitsubishi paraît plus vive qu'elle ne l'est réellement. À tel point que l'on soupçonne le chronomètre de faire preuve de pessimisme. Pourtant, chronomètre main, la Sportback ne parvient pas à égaler les temps d'une Impreza 265, ni présumons-nous de la future Mazdaspeed 3. Hélas, il n'y a pas que dans ce domaine où la Mitsubishi fait moins bien. Ses chiffres de consommation sont, eux aussi, en léger recul par rapport aux deux concurrentes précitées, notamment sur un parcours urbain.

Nonobstant ces failles, cette Sportback au châssis parfaitement réglé est tout à fait digne de confiance. La précision de sa direction, les réglages spécifiques opérés au niveau des amortisseurs et des ressorts, la technologie à quatre roues motrices lui confèrent des qualités routières au-dessus de la moyenne des compactes sportives. Sur route humide ou, mieux encore, enneigée, ce ne sont pas le comportement sportif ni les performances mécaniques de la Sportback Ralliart qui se démarquent mais plutôt sa rassurante stabilité.

 

Remarquablement équilibrée, cette auto se laisse guider avec beaucoup d'aisance et de précision grâce à une direction qui offre ce qu'il faut de fermeté pour procurer de bonnes sensations; la motricité ne fait jamais défaut et le train arrière «enroule» bien, ce qui permet d'inscrire aisément le nez de l'auto dans les virages serrés et contribue au sentiment de sécurité que l'on éprouve à son volant. Bien que rigide, pour limiter les mouvements de caisse, la suspension ne sacrifie pas pour autant le confort. Cette Mitsubishi vire plat et court, et seuls les virages serrés pris à (très) vive allure laissent apparaître le manque d'adhérence de ses pneumatiques et le compromis de ses liaisons au sol qui ménagent quelque peu nos vertèbres.

Typée sport avec un grand S, cette Mitsubishi s'adresse essentiellement à une clientèle de connaisseurs (pas trop enrobés, ni trop courts) et qui souhaitent se faire plaisir en toutes saisons (rouage intégral) au volant d'une automobile hautement sophistiqué. L'Impreza 265 représente sans doute un choix plus éclairé en raison notamment d'un assemblage plus vigoureux, d'une consommation légèrement moindre, mais la «bombe» de Subaru ne propose pas, elle, de boîte automatique...

 

Ce qu'il faut retenir

Prix : 23 498 $ à 33 498 $

Frais de transport: 1310 $

Version essayée : Ralliart

Consommation moyenne selon le constructeur : 11,1 L/100 km

Concurrentes : Mazdaspeed 3, Subaru Impreza, Toyota Matrix

Pour en savoir plus : www.mitsubishcarsmotors.ca

Moteur : L4 DACT 2 litres suralimenté par turbocompresseur

Puissance : 237 ch à 6 000 tr/mn

Couple : 253 lb-pi à 3 000 tr/mn

Poids : 1620 kg

Rapport poids/puissance : 6,8 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 6,09 secondes

Mode : intégral (quatre roues motrices)

Transmission de série : semi-automatque 6 rapports (double embrayage)

Transmission optionnelle : aucune

Direction / Diamètre de braquage : crémaillère / 10 mètres

Freins avant / arrière : disque / disque - ABS

Pneus : 215/45R18

Capacité du réservoir de carburant/Carburant recommandé : 55 litres / super

On aime

Performances relevées

Sophistication technique

Fonctionnalité de la carrosserie

On aime moins

Position de conduite délicate

Visibilité vers l'arrière

Qualité d'assemblage inégale