Les 24 Heures du Mans, course mythique dont la 77e édition s'élancera samedi, possèdent depuis peu un nouvel outil pour forger leur légende; un musée entièrement repensé faisant la part belle aux héros et voitures qui ont installé la Sarthe sur la carte du sport automobile mondial.

Un ovni architectural a pris place depuis fin avril au bord du circuit, sur près de 4000 mètres carrés, après quelques mois de travaux pour un coût d'environ 1,5 million d'euros.

Il y avait bien auparavant un musée de l'automobile, mais «il fallait mettre en valeur notre identité pour devenir un musée spécifique des 24 Heures», a expliqué Hervé Guyomard, conseiller historique et scientifique du musée, également chargé du patrimoine des 24 Heures du Mans à l'Automobile Club de l'Ouest (ACO).

Désormais, la visite a un sens et les visiteurs, comme les pilotes, sont invités à suivre un circuit. Dès l'entrée, ce ne sont pas les voitures qui attirent l'attention mais plutôt les visages, ceux des «héros» de l'épreuve, car «les 24 Heures ce sont avant tout des histoires d'hommes», explique M. Guyomard.

Dans cette galerie de 24 portraits, on retrouve les plus grands pilotes (Jacky Ickx), des industriels (Jean-Luc Lagardère), un acteur (Steve McQueen) mais aussi d'autres visages plus méconnus. «Il nous a paru évident de rendre hommage à Luigi Chinetti, triple vainqueur de l'épreuve, notamment en 1949 quand il a conduit durant... 23h30 !», a souligné M. Guyomard.

Hommage aux anonymes

Les 24 Heures, ce sont aussi des lieux mythiques aux noms évocateurs: le Tertre Rouge, les Hunaudières... Dans une salle en ovale, on retrouve désormais une maquette géante du circuit. Les puits y sont à l'honneur, reproduits à petite échelle à six époques différentes pour en comprendre l'évolution, et un court film en retrace l'atmosphère.

Après un passage par les coulisses de l'épreuve, où les concepteurs du musée «ont souhaité rendre hommage aux milliers d'anonymes qui rendent chaque année le rendez-vous possible», la part belle est faite à l'automobile, à son histoire et à sa place dans les sociétés modernes.

L'atelier des Bollée père et fils, créateurs manceaux de voitures à vapeur et à essence, initiateurs des premiers grands prix, est reconstitué tel qu'il se dressait à la fin du XIXe siècle.

Puis, à travers une cinquantaine de véhicules, l'histoire de l'auto est retracée par «des voitures qui, parfois, n'ont rien d'extraordinaire, comme par exemple une Traban, mais sont symboliques d'une époque, par leur technologie, leur popularité ou des critères sportifs», a indiqué M. Guyomard.

La plupart des voitures sont en état de marche et certaines renvoient l'écho d'une autre société, comme cette Cadillac Deluxe de 1958 dont le dessin des pare-chocs «rend hommage à l'amour des Américains pour les femmes aux formes généreuses».

La visite se termine par une galerie de voitures de course ayant participé aux 24 Heures et d'objets liés à l'épreuve comme un casque peint par Keith Haring.

À terme, l'ambition est d'obtenir le statut musée de France, a indiqué Hervé de Colombel, directeur Culture au conseil général de la Sarthe. En passant la vitesse supérieure, la légende des 24 Heures veut s'inscrire dans la durée.