J' ai beaucoup aimé l'Infiniti G37 dans sa première interprétation. Lors d'un comparatif, elle avait même battu la reine des berlines de sport, la BMW Série 3, un exploit assez remarquable. Pendant qu'elle continue sur sa lancée, Infiniti a voulu recréer sa G37 avec deux modèles un peu plus cossus, un peu plus habitables et, évidemment un peu plus chers. Malheureusement, l'exercice est moins réussi et les deux modèles essayés de la série M ne m'ont pas conduit au septième ciel.

Sans compter que la marque de luxe de Nissan a dû se défendre en cour des allégations de BMW qui affirmait avoir l'usage exclusif de la lettre M dans la nomenclature d'automobiles. La démarche a été vaine et les gens de BM s'en sont retournés à Munich avec leur p'tit bonheur.

 

Ceci dit, concentrons-nous sur les voitures au centre de ce litige. La M35X est assurément la plus intéressante des deux avec son prix réaliste et sa traction intégrale, mais son comportement routier couci-couça associé à une motorisation peu convaincante fera réfléchir l'acheteur espérant trouver ici une version améliorée de la G37.

 

D'ailleurs, Infiniti a reconnu partiellement ses fautes en dotant la M35 2009 du moteur VW35HR de Nissan, un V6 plus étoffé que son prédécesseur. Il n'en reste pas moins que la voiture rappelle une G37 qui aurait pris de l'embonpoint. Boursouflée dans son costume du dimanche, elle manque totalement de personnalité. Bref, c'est tout le contraire d'une G, plus habile et plus maniable.

 

En revanche, si c'est surtout le luxe qui vous attire, vous êtes à la bonne adresse. Pour un, la présentation intérieure brille par son originalité et vous renvoie une nette impression de qualité. Et que dire de l'ergonomie qui bénéficie enfin de l'ordre logique des choses. Dommage que la nuée de boutons (écran, radio, climatisation, etc.) vous oblige à y regarder à deux fois avant de les manipuler.

 

L'EXÉCRABLE NOUVEAUTÉ

 

Les voitures M d'Infiniti ont été les premières à offrir en option cet accessoire qu'on appelle « l'avertisseur de changement de voie ». J'espère qu'ils seront aussi les premiers à le rayer du catalogue tellement il est exécrable et plus dérangeant que sécuritaire.

 

Le problème vient du fait qu'on change de voie intentionnellement beaucoup plus souvent qu'on le croit et de façon parfaitement ordonnée. Or, chaque fois, le satané bip vient vous casser les oreilles, au point où vous finissez par le désactiver. Mais le système s'enclenche de nouveau de luimême au prochain démarrage. Avec son nouveau moteur, la M35X trouve, à demi, une vocation plus sportive qui permet d'abattre 0-100 km/h en moins de 7 secondes.

 

Pour moi toutefois, ce qui m'a plu, c'est de constater que l'accélérateur est devenu plus progressif que dans mon ancienne G35x. Le roulis, le tangage et l'instabilité sur la route restent cependant des points sombres dans la fiche de la M35X. On pourra toujours s'en remettre en conduisant paisiblement cette belle voiture de luxe aux places arrière spacieuses où le confort et le silence permettent d'apprécier un bon film projeté sur l'écran DVD au plafond.

 

En somme, ce n'est pas mon genre de voiture.

UN V8 AVEC ÇA

 

Passons à la M45, offerte également en version quatre roues motrices identifiables à la lettre X en suffixe. Tout comme sa soeur moins athlétique, elle reçoit un nouveau mode sport (DS) pour sa transmission automatique à cinq rapports ainsi qu'un protecteur antiégratignure sous la forme d'un plastique transparent qui enveloppe les parties les plus vulnérables de la carrosserie.

 

Mais qu'est-ce qui peut bien justifier sur la M45S un écart de prix aussi considérable par rapport à la M35X ? Pour avoir investi un supplément de plus de 15 000 $, vous obtiendrez une M45 en tenue sport ou traction intégrale. La puissance accrue de son V8 vous fera gagner 1 seconde au sprint vers 100 km/h et vous serez inondé d'équipements de luxe, comme un DVD dont le chargeur est situé dans l'accoudoir central, une chaîne audio Surround et une interminable liste de ce que toute voiture de luxe doit offrir à son propriétaire.

 

Là encore, on se retrouve avec un centre de « pitonnage », le cadeau empoisonné d'un indéchiffrable GPS avec sa centrale d'informations diverses. En plus, certaines commandes sont masquées, un autre accroc à l'ergonomie.

 

Ces deux versions de la classe M d'Infiniti sont belles à regarder et respectent les normes de qualité du groupe Nissan, mais elles empruntent sans grand succès une recette qui fut très profitable dans le cas de leur compagne, la G.

 

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Infiniti M 2009

Couverture du livre L'Auto 2009 des éditions La Presse.