Le duo coréen Hyundai-Kia est venu tardivement s'installer dans le créneau des fourgonnettes. En fait, au moment où les ventes déclinaient. Kia a osé une première incursion et sa pénétration dans le marché a d'abord été une affaire de bas prix. Chacune des gammes de Hyundai et Kia possédait ses exclusivités, l'une la Tiburon, l'autre la Sedona, et faisait son petit bonhomme de chemin.

Ancien rival de Hyundai, Kia avait connu des ennuis financiers majeurs et avait été récupéré par ce dernier en 1998. Cependant, l'harmonisation grandissante des deux marques a profité au numéro un coréen qui a intégré dans son catalogue la fourgonnette Sedona en tant qu'Entourage et la grosse berline Amanti soudainement devenue Azera.

 

Une bonne opération qui a profité d'emblée aux concessionnaires Hyundai, plus nombreux et mieux nantis.

 

DES COPIES QUASI CONFORMES

 

Les économies émergentes se sont souvent établies en imitant ce que faisait la concurrence, en jugulant les coûts d'exploitation et en vendant à plus bas prix. C'est le coup qu'a fait l'industrie automobile japonaise dans les années 1960, et sa réédition par les manufacturiers coréens dans les années 1980.

 

Il y a une dizaine d'années, Hyundai avait présenté un prototype de fourgonnette à la presse québécoise et tous ceux présents étaient convaincus que le Ford Windstar d'alors avait servi d'étalon. Quant à savoir ce que l'avenir nous réserve, vous l'aurez deviné, d'ici peu ce sera au tour des Chinois et des Indiens à faire rebelote. Il suffit de placer côte à côte une Entourage, une Honda Odyssey et même une Toyota Sienna pour se rendre compte que les Coréens ont travaillé en regardant chez le voisin avec l'idée précise d'offrir un véhicule similaire.

 

Le moteur choisi pour cette première génération de l'Entourage est un V6 de 3,8 litres de 250 chevaux jumelé à une boîte automatique à cinq rapports, un groupe propulseur qui répond bien, mais qui n'a rien d'économique à la consommation ; néanmoins, il fait bien meilleure figure que l'ancien 3,5 litres couplé à une boîte quatre rapports de la Sedona.

 

Question de design extérieur, l'Entourage manque de personnalité et de cachet et donne l'impression de lourdeur. Fort bien aménagé, l'habitacle est doté d'une console centrale où est logé un levier de vitesses à la rallye qu'on peut mouliner manuellement. Les sièges sont confortables et contribuent à garder l'intérieur feutré. L'espace est généreux pour les deux banquettes arrière et l'accès à la troisième est assez facile.

 

Qui plus est, même les glaces arrière peuvent être abaissées. Il n'est pas possible de dissimuler les sièges du milieu dans le plancher comme on le fait chez certains concurrents, ce qui alloue quand même un volume cargo de 911 litres derrière la troisième rangée et de plus de 4000 lorsque celle-ci est retirée. Seule la dernière banquette des versions GLS et Limited peut se loger dans le plancher.

UNE CONDUITE LOURDE

 

Un des handicaps de l'Entourage est son poids de 2000 kg qui se fait sentir autant dans la tenue de route que dans la consommation d'essence. L'aménagement intérieur, les sièges et les banquettes d'une part, et le blocmoteur et la transmission en fonte de l'autre, contribuent à ce poids.

 

De plus, on constate que l'étagement de la boîte assure un départ musclé, presque agaçant, dès qu'on accélère, puis s'estompe quand on prend de la vitesse. Le freinage s'en ressent par la suite, puisqu'il faudra une bonne pression pour immobiliser cette masse. Même en caressant l'accélérateur, nous avons fait en moyenne presque 13 litres aux 100 km.

 

RABAIS ET GARANTIES

 

On a fait grand état des garanties consenties par Kia, qu'on disait les meilleures dans l'industrie et qui se sont répandues comme une traînée de poudre chez d'autres constructeurs en mal de conquérir une part de marché. Hyundai a suivi dans la même veine avec cinq ans de protection ou 100 000 km sur presque tout le véhicule. Seule l'assistance routière de Kia est supérieure de deux ans.

 

Dans le cas de la version de base, au demeurant assez dénudée, Hyundai demande environ 30 000 $, alors que la version la plus luxueuse exige un déboursé supplémentaire de 10 000 $. Hyundai devrait prendre les devants comme il l'a fait pour certains modèles bas de gamme en réduisant radicalement son offre de service. Quand on constate ce que Chrysler et GM ont orchestré avec la nouvelle Caravan ou la vieillissante Uplander, le numéro un coréen et sa contrepartie devront se montrer plus agressifs.

 

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Couverture du livre L'Auto 2009 des éditions La Presse.