Porter un casque à moto est un peu comme boucler sa ceinture de sécurité en auto. Ça va de soi. Et personne, ou presque, ne va s'opposer au fait qu'il s'agit d'éléments de sécurité qui sauvent des vies.

Porter un casque à moto est un peu comme boucler sa ceinture de sécurité en auto. Ça va de soi. Et personne, ou presque, ne va s'opposer au fait qu'il s'agit d'éléments de sécurité qui sauvent des vies.

Selon des données obtenues par le Conseil canadien de la sécurité, la Floride a vu le nombre de décès à moto augmenter de 71% depuis qu'elle a abrogé, en 2000, sa loi sur le port du casque obligatoire. Pendant la même période, le nombre d'immatriculations de motos n'a pourtant grimpé que de 21%. Sans parler des hospitalisations pour blessures à la tête, en hausse de 80% depuis l'abolition de la loi floridienne.

Cela dit, comment s'y prendre pour choisir un casque sécuritaire? Les casques vendus sur le marché doivent être homologués par un organisme reconnu par le gouvernement du Québec. On teste la rigidité de la coque du casque, la capacité d'absorption des chocs et l'ajustement de la courroie jugulaire.

L'homologation la plus sévère de l'industrie est celle qui est appliquée en Europe. Jusqu'à tout récemment, cette norme n'était pas reconnue au Québec. Le test ECE 22.05 fait en effet l'objet d'un projet de règlement qui a été publié dans la Gazette officielle du Québec le 29 mars dernier. Un casque certifié ECE 22.05 est à la fois testé sur le dessus de la calotte, sur les côtés, sur la visière et sur la mâchoire, dans le cas d'un casque intégral ou modulable. On exige aussi une épaisseur minimale de rembourrage protecteur, ce qui oblige les manufacturiers à fabriquer différentes grosseurs de coques selon la taille de la tête du motocycliste.

Pas question donc de diminuer l'épaisseur de la mousse protectrice à l'intérieur d'un seul et même modèle de casque, comme c'est le cas chez certains fabricants nord-américains et asiatiques. Aussi, l'ECE 22.05 exige que le rembourrage couvre non seulement le haut de la tête du motocycliste, mais aussi ses oreilles et ses tempes. Vous avez bien lu, il est interdit de rouler avec un casque de type «bol» en Europe.

Détaillants heureux

Cette modification du règlement fait bien entendu l'affaire des détaillants québécois qui se spécialisent dans l'importation d'accessoires européens. «Y a des gens qui n'ont pas voulu acheter parce qu'ils voulaient s'assurer de respecter le code de la route, explique Alain Fiquet, propriétaire d'Europe Accessoires, à Saint-Hubert. Les magasins étaient également frileux à l'idée d'acheter des casques européens. Nous, on était les seuls à les vendre, mais on disait à nos clients: attention! ces casques sont parfaitement sécuritaires, mais ils ne sont pas légaux.» Ces casques vont donc pouvoir être vendus au Québec même s'ils n'ont pas été décorés de l'autocollant DOT - une obligation qui sera abrogée selon le même projet de règlement autorisant la norme ECE 22.05.

La norme DOT, mise au point par le Département américain des Transports, était jusqu'à maintenant la référence au Québec. Elle est pourtant loin d'être la plus restrictive. Les tests d'impact et de perforation ne sont réalisés que sur la partie supérieure du casque.

Les motocyclistes avertis et soucieux de leur sécurité devraient donc s'assurer que leur casque a été homologué selon les normes européennes. Ou, du moins, selon les tests de la Snell Memorial Foundation - reconnue chez nous -, qui évalue aussi les impacts sur la mâchoire et la visière, mais, à la différence de l'ECE 22.05, ne fait pas subir de chocs latéraux en plus de ne pas exiger d'épaisseur minimale de mousse protectrice.

Par ailleurs, précisons que les casques certifiés par l'Association canadienne de normalisation ou l'American National Standard Institute sont aussi autorisés au Québec. Selon toute vraisemblance, un motocycliste coiffé d'un casque de chantier muni d'une courroie solide pourrait donc rouler sur nos routes... Ça peut avoir l'air farfelu, mais ce n'est certainement pas pire que ces «bols» décoratifs dépourvus de toute forme de rembourrage auxquels on a appliqué un autocollant «DOT» pour tenter de déjouer les autorités...

Le Québec s'étant mis à jour en reconnaissant la norme européenne pour les casques, peut-être devrait-on maintenant songer à faire du Vieux Continent la nouvelle référence en matière de sécurité à moto.