La nouvelle a un peu de blanc dans la barbe, mais vous étiez en vacances, n'est-ce pas? Le 20 juillet, c'était un vendredi, Toyota est devenu champion du monde. Pas de Formule 1, mais de l'industrie automobile toute entière mettant ainsi fin aux 76 années de règne de son rival américain, General Motors sur une base semestrielle. Nous nous y attendions, non?

La nouvelle a un peu de blanc dans la barbe, mais vous étiez en vacances, n'est-ce pas? Le 20 juillet, c'était un vendredi, Toyota est devenu champion du monde. Pas de Formule 1, mais de l'industrie automobile toute entière mettant ainsi fin aux 76 années de règne de son rival américain, General Motors sur une base semestrielle. Nous nous y attendions, non?

En revanche, on ne s'attendait pas réellement à ce que GM se défende aussi âprement. Pour preuve, le géant américain a signé, au deuxième trimestre, une performance étincelante. Mais le 31 décembre prochain, le fossé se sera inexorablement creusé à l'avantage du constructeur japonais à qui tout semble réussir, notamment sur le marché américain où il réalise près de 60% de ses profits à l'aide de trois marques (Lexus, Scion, Toyota) et de son avance technologique en matière de groupe propulseur hybride (mi-essence, mi-électricité).

Donc, il est hautement improbable que le titre de champion du monde échappe à Toyota à la fin de l'année. C'est une évidence, «mais pour combien de temps?» s'interrogent certains analystes. Les ventes d'hybrides s'effritent, de nouvelles technologies s'annoncent et Toyota a le pied très lourd sur les investissements. Tenez par exemple en matière de production, le constructeur comptera 10 nouvelles usines d'assemblage d'ici trois ans. C'est énorme, même si la méthode de production de Toyota passe pour être l'une des plus souples de l'industrie. Et il y a les employés.

Galvanisés par le statut de numéro un, ceux-ci risquent de se relâcher un peu, craint-on du côté de Toyota City. Mais il n'y a pas que les employés, les dirigeants aussi craignent qu'en devenant numéro un, Toyota perde de sa réactivité et n'arrive plus à maîtriser son gigantisme et sa complexité. Appliquer le «Toyota Way» dans autant de pays avec des cultures et des langues différentes n'est pas une chose aisée. De nombreuses entreprises on essayé jusqu'ici d'imiter Toyota, mais peu ont réussi comme lui.

Dans l'ombre de Toyota se profile GM. Bien qu'hier encore on le disait très souffrant, le General entend remonter sur ses grands chevaux. Pas le choix. Et l'Amérique toute entière s'émeut car, lorsque GM éternue, c'est tout le continent qui s'enrhume. Mais la planche de salut du constructeur américain ne se trouve pas en Amérique, bien au contraire, même s'il demeure encore numéro un sur son territoire. GM ne parviendra pas à éviter de rétrograder en deuxième position derrière Toyota sur l'ensemble de l'année 2007. Il est trop tard et le renouvellement des produits n'a pas eu l'effet escompté. Pas encore. En fait, si la GM ne «lâche pas le morceau» facilement et signe une solide performance au dernier trimestre, elle le doit essentiellement à la forte croissance des ses activités sur les marchés émergents (Chine, Inde, Russie, etc.).

En tout état de cause cependant, le redressement de GM montre qu'il n'y a pas de cas désespéré dans l'industrie automobile. La preuve: même Ford prend du mieux, mais son président redoute des pertes substantielles dans les prochains mois, à moins que la vente du tandem Jaguar/Land Rover permette de noircir le bilan.

Et que fera de son côté Carlos Ghosn, le sauveur, le génie derrière l'Alliance Renault-Nissan? Renault ne va pas si bien que cela et Nissan guère mieux. En fait, pas bien du tout. Vingt-quatre heures avant que Toyota ne soit déclaré numéro un mondial, Nissan venait de se faire ravir son titre de numéro deux japonais au profit de Honda et les ventes de certains de ses produits vedettes ont du plomb dans les pneus. Et Porsche qui s'apprête à accroître encore sa participation dans Volkswagen. Pour l'absorber complètement un de ces jours? Pourquoi pas. Tout est possible. On refera le bilan au retour des Fêtes, car les positions sont loin d'être figées. D'ici là, profitez des quelques beaux jours qui restent.

COURRIEL Pour joindre notre journaliste: eric.lefrancois@lapresse.ca