Volkswagen a annoncé mercredi avoir acheté un gros paquet d'actions Scania sur le marché pour monter à 35,31% des droits de vote et 20,03% du capital de Scania. Il détenait auparavant 34% des droits de vote et 18,7% du capital.

Volkswagen a annoncé mercredi avoir acheté un gros paquet d'actions Scania sur le marché pour monter à 35,31% des droits de vote et 20,03% du capital de Scania. Il détenait auparavant 34% des droits de vote et 18,7% du capital.

Le premier constructeur européen met clairement la pression pour accélérer le mouvement dans son projet tumultueux de mariage à trois. Il y a moins d'une semaine, il avait porté sa part dans MAN à 29,9% contre environ 20% auparavant.

«Les participations de Volkswagen dans MAN et Scania confortent l'intérêt stratégique du groupe dans les poids lourds et sont suffisantes pour trouver une solution amicale et négociée» en vue d'une fusion, a commenté Volkswagen mercredi dans un communiqué.

Le feuilleton à rebondissements a commencé en septembre dernier avec un projet d'offre public d'achat de 10,3 milliards d'euros de MAN sur Scania, mariage auquel Volkswagen souhaite apporter ses activités de camions au Brésil et, éventuellement, ses activités de fourgons utilitaires.

L'enjeu est de taille puisqu'un rapprochement donnerait naissance au numéro un européen des poids lourds avec une part de marché de 29% pour les camions de plus de 16 tonnes, devant le suédois Volvo-Renault Trucks (25%).

Malheureusement pour les Allemands, Scania fait de la résistance depuis de longs mois. Le grand actionnaire du suédois, la famille Wallenberg, a rejeté l'offre publique de MAN, obligeant le conglomérat à retirer son OPA fin janvier. Et depuis, le dossier semble au point mort.

Un rapprochement est impossible sans le feu vert des Wallenberg, qui disposent d'une minorité de blocage, avec environ 30% des droits de vote de Scania.

Officiellement, la puissante famille suédoise reconnaît qu'une fusion aurait un «intérêt stratégique». Mais ses objectifs réels ne sont pas clairs. Selon les interprétations divergentes des analystes, elle joue la montre dans l'espoir de préserver l'indépendance du groupe suédois ou pour obtenir le maximum de pouvoirs dans le nouvel ensemble.

Premier actionnaire de MAN et de Scania, Volkswagen perd patience.

Il a imposé mardi à la présidence du conseil de surveillance de Scania son nouveau patron, Martin Winterkorn. Et il a également forcé la main à MAN pour qu'il lui donne trois mandats au conseil de surveillance, contre un seulement auparavant. Le président du conseil de Volkswagen et véritable homme fort du groupe, Ferdinand Piëch, va y faire son entrée.

Vu la complexité du dossier, une solution à court terme n'est pas envisageable. Les trois parties ont indiqué à plusieurs reprises ces derniers mois qu'elles ne reprendraient pas les discussions avant le printemps.

«Nous pensons toutefois que les derniers développements renforcent la probabilité d'une combinaison amicale entre les activités camions de MAN, Scania et VW, et même inamicale» si une solution amiable s'avère impossible, jugeait Robert Heberger, analyste chez Merck Finck.

«Volkswagen place ses pions dans la perspective des négociations qui vont s'ouvrir prochainement tout en montrant sa détermination à accélérer le processus», estimait Nathan Kohlhoff, analyste à la banque HVB.

«Tactiquement, c'est plutôt bien joué. En montant au capital de MAN et de Scania, Volkswagen augmente également sa part dans le nouvel ensemble une fois que le principe de la fusion aura été entériné», ajoutait-il.

À la Bourse de Francfort, les investisseurs applaudissaient. Vers 11h10 GMT, Volkswagen grimpait de 2,30% à 96,21 euros et MAN de 3,68% à 82,19 euros.