Brian J. McBride, propriétaire d'une concession Subaru et Chevrolet à Plattsburgh, dans l'État de New York, vit une situation particulière avec ses deux franchises sous le même toit. Il peut vendre en toute quiétude des Subaru à des Canadiens et offrir la garantie du manufacturier, tandis qu'il se voit interdire par General Motors de vendre des voitures à des non-résidants.

Brian J. McBride, propriétaire d'une concession Subaru et Chevrolet à Plattsburgh, dans l'État de New York, vit une situation particulière avec ses deux franchises sous le même toit. Il peut vendre en toute quiétude des Subaru à des Canadiens et offrir la garantie du manufacturier, tandis qu'il se voit interdire par General Motors de vendre des voitures à des non-résidants.

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Pourquoi? Pour protéger le marché des concessionnaires canadiens? Ce sera certainement la position officielle des constructeurs automobiles. Mais la vérité pourrait être toute autre. Comme par exemple la volonté de maintenir le plus longtemps possible un prix plus élevé pour une voiture vendue au Canada et faire plus de profit.

Les concessionnaires des deux côtés de la frontière n'y peuvent rien puisque le prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF) est plus élevé ici que chez nos voisins du Sud. Les concessionnaires canadiens paient donc plus pour leurs véhicules que les Américains. À titre d'exemple, un Subaru Tribeca 2008 coûte 31 444$US à Plattsburgh, alors que le même véhicule, avec les mêmes équipements, coûte 44 583,82$ au Canada au prix de détail.

M. McBride a vendu 22 Subaru (sur un total de 198 ventes) depuis le printemps à des Québécois de la région de Montréal. Il a aussi eu des demandes pour des modèles Chevrolet, mais a dû refuser pour se plier aux directives de GM US.

Le concessionnaire trouve cette pratique discriminatoire. «Les véhicules sur mon terrain sont les miens. GM a été payé pour ces voitures et je devrais avoir le droit de les vendre à qui je veux», estime M. McBride. D'ailleurs, GM Canada honore la garantie d'un véhicule acheté aux États-Unis après un délai de carence de six mois.

Chez Subaru, la garantie est valide aux États-Unis seulement, mais Subaru America s'est engagé à rembourser le consommateur canadien lorsque le véhicule doit être réparé sous garantie au Canada. Le consommateur doit acquitter la facture puis la présenter à Subaru America pour obtenir un remboursement. M. McBride affirme que Subaru s'est engagé à rembourser le consommateur dans un délai d'une semaine sur réception de la facture.

Son concurrent du Vermont, Burlington Subaru, a vendu encore plus de véhicules à des Canadiens depuis avril. Le directeur des ventes, Steve Kelson, affirme avoir vendu de 70 à 100 unités, soit de 15 à 20 véhicules par mois, alors que les ventes totales du concessionnaire sont de 100 automobiles par mois. Le marché des acheteurs canadiens est donc très important pour lui et représente près du cinquième de ses ventes.

M. McBride explique qu'il est relativement simple pour un Canadien d'acheter un véhicule aux États-Unis. «L'exercice peut sembler compliqué, mais on s'occupe de tout pour notre client, on prépare les documents nécessaires à l'exportation et une fois les documents approuvés par la douane américaine (habituellement 72 heures), le consommateur peut prendre possession de son véhicule.»

Chez Plattsburgh Ford, William F. Price reçoit en moyenne chaque jour cinq appels de Canadiens intéressés à connaître un prix. M. Price a donné l'exemple du Ford Edge SEL à traction intégrale construit à Oakville, en Ontario. Le PDSF est de 39 349$ au Canada et de 29 070$ aux États-Unis. «Comment expliquer cette différence au consommateur?» demande M. Price. Ford Canada honore la garantie d'un véhicule acheté aux États-Unis sans limitation.

Chez North Country Nissan à St. Albans, au Vermont, le directeur des ventes précise que les rabais du manufacturier ne sont pas applicables à l'exportation et que Nissan impose un délai de carence de garantie de six mois, ce qui refroidit grandement les acheteurs canadiens.

De l'autre côté du lac Champlain, à Plattsburgh, Mark Garrand, de Garrands Nissan, a reçu la directive de Nissan North America de ne pas vendre de voitures à des Canadiens qui n'ont pas une adresse américaine, sous peine de se voir retirer sa franchise. M. Garrand déplore la différence de prix pour une même voiture vendue des deux côtés de la frontière et estime que les manufacturiers ambitionnent, tout en comprenant que les concessionnaires québécois désirent protéger leur marché.

Même frustration chez les dépositaires Chrysler américains. Le constructeur interdit de vendre à des Canadiens qui n'ont pas une adresse aux États-Unis. Robert J. Durocher, de Durocher Auto Sales à Plattsburgh, trouve la directive de Chrysler ridicule, ainsi que le refus d'honorer la garantie d'un côté ou de l'autre de la frontière. «Chrysler a vraiment mis le paquet pour éviter la vente outre-frontière. Il serait intéressant de voir ce qu'un tribunal pourrait en dire. Après tout, est-ce que l'Accord de libre-échange existe ou non?» demande-t-il.