L'autre scénario envisagé et sans doute celui qui sera vraisemblablement retenu par l'industrie: l'enrichissement du contenu du véhicule canadien (options, éléments de sécurité, bref tout ce qui n'influence pas la valeur de revente) par rapport au modèle américain équivalent. Et pour nous faire avaler la pilule, le véhicule sera proposé à un prix identique, voire inférieur à la version précédente moins bien équipée. La différence d'équipement pourrait alors expliquer une bonne partie de l'écart de prix.

(1) Le constructeur allemand a écoulé 1876 unités l'année dernière au Canada.

courriel Pour joindre notre collaborateur: eric.lefrancois@lapresse.ca

Bonifier le véhicule

L'autre scénario envisagé et sans doute celui qui sera vraisemblablement retenu par l'industrie: l'enrichissement du contenu du véhicule canadien (options, éléments de sécurité, bref tout ce qui n'influence pas la valeur de revente) par rapport au modèle américain équivalent. Et pour nous faire avaler la pilule, le véhicule sera proposé à un prix identique, voire inférieur à la version précédente moins bien équipée. La différence d'équipement pourrait alors expliquer une bonne partie de l'écart de prix.

«Les clients ne voient pas toujours qu'un véhicule est plus cher au Canada, parce qu'il possède par exemple un régulateur de vitesse que son homologue américain n'a pas. Pour ouvrir les yeux des consommateurs, peut-être devrions-nous les inviter à comparer à la loupe les autos de leurs voisins et expliquer les différences?», s'interroge le vice-président d'un constructeur japonais.

Et le fisc...

Pour en arriver à un meilleur équilibre entre les prix canadiens et américains, il y a aussi le fardeau fiscal. Celui-ci dicte aussi aux constructeurs de pratiquer des prix distincts. Alors, si les constructeurs font des efforts de nivellement, est-il possible que nos gouvernements en fassent un aussi?

Pas certain, pas plus que de souhaiter une intervention de nos élus dans ce dossier pour forcer les constructeurs à harmoniser leurs tarifs. Ah quoi bon? La concurrence transfrontalière actuelle et la pression des consommateurs finiront bien par pénaliser les marques, non?

D'ici là, certains constructeurs résistent et mettent du sable dans l'engrenage: restrictions voire suppression de la couverture des garanties, interdiction aux concessionnaires américains de vendre des voitures aux Canadiens. Ces pratiques ne sont pas nouvelles et elles ont été jugées (en Europe surtout) anticoncurrentielles.

Convergence des prix

Dans le meilleur des mondes peut être allons-nous assister, d'ici quelques mois voire quelques années, à une convergence des prix (hors taxes), ce qui ne signifie pas une parité des prix d'un pays à l'autre pour autant. Car c'est précisément la différence de taxation de l'automobile, de ses normes d'homologation (le Canada exige par exemple des véhicules vendus sur son territoire une meilleure protection des pare-chocs) et de la taille de son marché qui expliquent en partie la différence entre les prix actuels.

La solution toute simple n'existe donc pas. Pas encore. Hélas, d'ici à ce que les constructeurs la trouvent et harmonisent leurs tarifs, tout l'enjeu repose sur le réseau de concessionnaires canadiens. À lui de tenir le coup. Et c'est dommage puisque cela risque à terme de mettre en mal notre économie. Donc à moins de faire un saut du côté de Burlington ou de Plattsburg, il vaut mieux reporter son achat de quelques mois. À moins que nous adoptions d'ici là le dollar américain. Ça réglerait le problème ça, monsieur l'économiste?

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La solution toute simple (en apparence) de Porsche n'inspire visiblement pas le reste de l'industrie qui, reconnaissons-le, ne connaît pas tous ses clients par leur prénom. Pourquoi n'est-ce pas simple alors?

Il faut savoir qu'une réduction du prix des véhicules aura à court et à moyen terme, des conséquences financières fâcheuses non seulement pour les constructeurs, mais aussi pour les consommateurs. En effet, une réduction du prix aura - c'est inévitable une répercussion directe sur la valeur de revente du véhicule.

Pour un véhicule loué, ce sera au constructeur d'éponger la différence entre le montant inscrit au contrat de location et un montant réduit.

Pas grave d'accord, mais si le véhicule a été acheté, c'est au consommateur d'essuyer la perte. Là, c'est moins drôle. Ce scénario, on le devine bien, fait l'objet de beaucoup de calculs et jusqu'ici ne séduit pas grand monde chez les constructeurs. En fait, il rend l'industrie frileuse. Surtout que la parité entre les deux monnaies, elle va durer ou pas?