En fait, Shuanghuan illustre de façon exemplaire l'ambition et le peu de scrupules des constructeurs chinois. En plus de la Noble, le constructeur fabrique un VUS, appelé CEO, qui n'est rien de moins qu'une réplique de l'ancienne génération du X5 de BMW.

Shuanghuan CEO: direction Francfort

En fait, Shuanghuan illustre de façon exemplaire l'ambition et le peu de scrupules des constructeurs chinois. En plus de la Noble, le constructeur fabrique un VUS, appelé CEO, qui n'est rien de moins qu'une réplique de l'ancienne génération du X5 de BMW.

Le groupe China Auto Deutschland, qui représente des société comme Shuanghuan en Europe, entendait présenter ces véhicules à l'occasion du Salon de l'auto de Francfort.

Inutile de dire que BMW et DaimlerChrysler ont réagi au quart de tour. «Nous avons effectivement entamé des démarches judiciaires», a d'ailleurs admis un porte-parole de BMW à Francfort. DaimlerChrysler, propriétaire des marques Mercedes-Benz et Smart, n'entend pas à rire non plus sur cette question.

Ouille!

Pour le consommateur chinois, cette concurrence a au moins un bon effet: pour la moitié ou les trois quarts du prix, il a accès à une voiture qu'il ne pourrait pas se permettre autrement. Ce n'est pas rien.

Des tests d'impact

Sauf que c'est une logique qui coupe un peu les coins ronds. Car ce n'est pas parce qu'une QQ est identique à une Aveo qu'elle en partage toutes les subtilités. L'an dernier, un club automobile allemand a réalisé quelques tests d'impact avec un exemplaire de chacune de ses deux petites voitures. Des extraits vidéos sont d'ailleurs présentés sur YouTube.

Ce qu'on y voit, c'est une Chevrolet dont l'avant s'écrase sur la barrière, et dans laquelle le conducteur et son passager, deux mannequins bien sûr, sont sérieusement blessés à la tête et aux jambes. Les blessures ne sont toutefois pas graves au point d'être fatales.

Dans les mêmes conditions, la petite Chery éclate en morceaux. La portière gauche s'ouvre. Le capot, le moteur et le toit s'effondrent dans l'habitacle. Dans ses rapports, le club indique que les mannequins ont la tête, le cou et le torse complètement écrabouillés. Aucune chance de survie.

Mais n'est-ce pas là une habitude qu'ont les mauvaises imitations chinoises? Une fausse Rolex qui ne donne pas l'heure correctement. Des faux souliers Gucci dont les lacets se désintègrent après quelques semaines. Un faux sac Louis Vuitton dont le contenu s'échappe par une couture mal ficelée...

De ce point de vue, une fausse Chevrolet qui tombe en morceaux, ce n'est pas exactement surprenant. Mais c'est loin d'être rassurant.

Le phénomène n'est pas nouveau. Il porte même un nom: la rétro-ingénierie. Et il est évidemment pratiqué depuis des lunes par les constructeurs d'automobiles, de logiciels, de montres, etc., partout dans le monde: on démonte un produit concurrent et on inspecte chaque pièce, jusqu'au plus petit boulon.

Mais voilà que des sociétés automobiles chinoises ont poussé le concept un peu plus loin: après avoir déboulonné des véhicules, elles se mettent à en produire d'autres qui leur ressemblent, à un point tel qu'on pourrait parfois ne pas pouvoir les départager.

Les marques Chevrolet, Mercedes-Benz et BMW sont probablement les trois plus affectées par cette pratique. En Chine, où toutes trois ont déjà pignon sur rue (sinon, ça s'en vient), des concurrents locaux n'ont pas tardé à reconnaître le succès de tels produits.

Chery QQ: des pièces pour Aveo

L'un des premiers cas de plagiat d'une automobile étrangère par un constructeur chinois remonte à 2003. À l'époque, le constructeur chinois Chery mettait en vente la QQ, une berline sous-compacte qui se vendait pour l'équivalent de 4000$.

General Motors, pour sa part, s'apprêtait à mettre en marché la Chevrolet Spark, une version au rabais de ce que nous connaissons ici comme étant la Chevrolet Aveo. La Spark - également appelée Daewoo Matiz - est issue d'une usine coréenne que GM avait acquise un peu plus tôt de la défunte marque Daewoo.

Or, la Spark et la QQ étaient en pratique identiques. Sauf que la QQ coûtait 25% moins cher que la Spark, et que ses chiffres de vente étaient présumément supérieurs à ceux de la Spark.

Trouvant cette ressemblance troublante, la direction de GM-Daewoo a analysé de plus près la QQ. Sa découverte était stupéfiante: non seulement le châssis, la carrosserie et l'habitacle étaient-ils similaires, mais ils ont aussi découvert que la plupart des composantes des deux véhicules étaient interchangeables.

Autrement dit, on pouvait remplacer la portière d'une Spark par celle d'une QQ et on n'y voyait aucune différence. GM-Daewoo a rapidement demandé aux autorités chinoises d'agir.

Sauf que le problème est plus profond encore. Cinq ans plus tard, non seulement la Chery QQ existe-t-elle encore - Chery vient de dévoiler la QQ6 -, mais le phénomène s'est élargi à d'autres modèles et à d'autres marques.

Geely CK: une Mercedes au rabais

Au Canada, la berline de Classe C est le plus important modèle de la gamme de Mercedes-Benz. C'est aussi une voiture très appréciée des automobilistes un peu partout dans le monde. La Chine n'y échappe pas. Ce succès a bien sûr profité à Mercedes-Benz. Et à d'autres...

C'est le cas de la société Geely, qui a récemment mis en marché en Asie la CK, une berline assez spacieuse dont la calandre est une version à peine retouchée de celle de la Classe C justement.

En fait, Mercedes-Benz n'est vraiment pas au bout de ses peines en Chine. Car en plus de sa Classe C, la populaire Smart Fortwo souffre aussi d'une admiration telle qu'on l'imite à toutes les sauces.

La diminutive voiture à deux places a, comme jumelle asiatique, une voiture nommée Noble, de la société chinoise Shuanghuan. Cette dernière a aussi récemment dévoilé la Flybo EV, une version à moteur électrique de sa Noble, qui fait partie d'une catégorie de véhicules qu'on appelle des véhicules à basse vitesse, puisqu'elles sont limitées à une vitesse de pointe de 50 km/h. La Flybo atteint un maximum de 40 km/h.

«La Smart Fortwo s'est taillé une réputation mondiale et il n'est pas étonnant que d'autres cherchent à la copier», résume Jo Anne Caza, porte-parole de DaimlerChrysler. «Nous prenons la question de la propriété intellectuelle très au sérieux. Offrir un véhicule aussi identique à la Fortwo serait une violation de cette propriété intellectuelle.»