Chaque fois, à la fin d'une saison ou même d'un épisode, on se demande comment Walter White (Bryan Cranston, formidable) va s'en sortir. Parce qu'il ne peut quand même pas aller plus bas. Mais dans le fond, on sait que oui. Qu'il peut s'enfoncer encore. Parce que les créateurs de Breaking Bad ont une imagination diabolique quand vient le temps de jouer avec le destin de l'ancien professeur de chimie qui, après avoir découvert qu'il était atteint d'un cancer incurable, s'est recyclé en fabricant de méthamphétamine. Histoire de s'assurer que sa famille - sa femme enceinte d'un deuxième enfant, leur fils adolescent atteint de paralysie cérébrale - puisse s'en sortir quand il ne sera plus là.

Bonnes intentions. De celles qui pavent l'enfer, comme le savent ceux qui suivent depuis ses débuts cette série haut de gamme dans tous ses aspects. L'écriture est exemplaire, la réalisation est cinématographique, l'atmosphère est glauque - parfois surréaliste (l'ouverture de chaque saison en particulier), mais la plupart du temps, d'un réalisme cru. La cohabitation des deux tons est percutante. Et se consomme à petites doses, deux épisodes à la fois, pas plus, à moins d'être immunisé contre la noirceur extrême.

La quatrième saison (13 épisodes en anglais avec sous-titres français), la meilleure jusqu'ici, commence dans la tourmente suivant le meurtre que Jesse (Aaron Paul, parfait) a commis pour sauver le tandem qu'il forme avec Walter. Encore là, une «bonne» intention qui va dégénérer. Comme tout le reste. En particulier à cause de Walt, qui atteint ici des sommets sur l'échelle de l'antipathie. C'était le but avoué de Vince Gilligan quand il a créé le personnage: «le faire passer de protagoniste à «antigoniste»». Et il y parvient haut la main.

Sérieusement, les dernières images de cette saison, la dernière réplique, donnent froid dans le dos. Elles auraient pu être les dernières de la série. Bien des boucles sont bouclées et la morale n'est pas sauve - hé, nous sommes dans Breaking Bad! La bonne nouvelle (car c'en est une, il serait surprenant que telle équipe se «plante» soudainement), c'est qu'il y a une dernière saison, divisée en deux parties de huit épisodes. Sa télédiffusion commence dimanche.

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BREAKING BAD 4. CRÉÉE PAR VINCE GILLIGAN. AVEC BRYAN CRANSTON, AARON PAUL, ANNA GUNN, DEAN HARRIS, BETSY BRANDT.