Il y a un an, Sun News Network était lancée en grande pompe par Québecor. La chaîne d'information, surnommée la «Fox News du nord», promettait d'offrir à l'auditoire une expérience télévisuelle qu'aucun autre diffuseur canadien n'avait osé proposer jusque-là.

Douze mois plus tard, force est de constater que Sun News, qui promettait «de l'information-choc et du franc-parler», n'est pas arrivée à dépasser la concurrence.

Les données d'auditoire de BBM Canada montrent en effet que Sun News se retrouve en queue de peloton du palmarès des chaînes d'information de langue anglaise en ce qui a trait aux cotes d'écoute globales entre le 31 août 2011 et le 31 mars 2012.

Alors que CBC News attirait 1,4 pour cent des téléspectateurs canadiens, que le réseau américain CNN a été suivi par 0,9 pour cent de l'auditoire et que CTV News Channel a décroché 0,8 pour cent de cotes d'écoute, Sun News a été suivi par à peine 0,1 pour cent des téléspectateurs.

Reste que sur le plan concurrentiel, Sun News ne dispose pas du même avantage que CTV et CBC, dont les chaînes d'information en continu figurent obligatoirement dans les forfaits de base des câblodistributeurs.

La chaîne a refusé de commenter ces résultats ou d'accorder une entrevue sur son premier anniversaire.

Au Québec, deux incidents impliquant l'animatrice Krista Erickson, à la barre de l'émission Canada Live, ont miné la crédibilité du réseau, selon des observateurs.

En juin, Mme Erickson recevait la danseuse et chorégraphe montréalaise Margie Gillis à son émission. Durant l'entrevue, l'animatrice avait bombardé Mme Gillis de questions pour savoir si elle trouvait approprié que le gouvernement fédéral lui ait versé des subventions pour soutenir son travail artistique.

L'extrait vidéo de cet entretien s'était répandu comme une traînée de poudre sur Internet. Après avoir été inondé d'un nombre record de plaintes, le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) avait cependant statué que le ton «agressif» employé par l'animatrice était acceptable.

Quelques mois plus tard, en février, Mme Erickson sévissait encore. Cette fois, elle s'en était prise aux producteurs du film Monsieur Lazhar, finaliste aux Oscar, qui avaient selon elle profité des largesses de l'État sur le plan du financement.

«En relations publiques, on dit qu'il n'existe pas de mauvaise publicité (...) En ce qui concerne l'intégrité journalistique, je pense que dans certains cas, ils (Sun News) n'arrivent pas à offrir la même crédibilité (que les autres réseaux d'information)», estime Janice Neil, professeure à l'université Ryerson et rédactrice en chef de la section anglophone de l'observatoire du journalisme ProjetJ.

Mais malgré les difficultés éprouvées au cours de cette première année, le réseau Sun News pourrait éventuellement enrichir le paysage médiatique s'il raffinait son produit, selon Mme Neil. «Il y aurait de la place pour que Sun News propose des débats de fond», estime-t-elle.