Les deux créateurs montréalais en arts numériques de renommée internationale, Skoltz_Kolgen, entreprennent à MUTEK la suite de leurs aventures audiovisuelles en explorant de nouvelles avenues.

Alors que Dominique T.Skoltz inaugure l'oeuvre DISLOCK_ au Cooper Building (3981 boulevard Saint-Laurent), Herman Kolgen propose sa nouvelle création IN/JECT ce soir, au Monument-National, précédée d'un rare concert de Wolfgang Voigt, alias Gas.

IN/JECT passe d'abord pour une véritable expérience de laboratoire. Une citerne géante - Angelina Jolie s'y serait baignée pour filmer quelques scènes du film 300 - remplie d'eau, des kilowatts de projecteurs, quatre caméras perfectionnées, dont la Phantom, qui peut prendre plus de 1400 images/secondes.

Et un cobaye, le designer Yso, immergé, nu, pendant six jours, huit heures par jour. «Évidemment, il pouvait remonter à la surface comme il le voulait, mais on avait un système pour lui relayer de l'oxygène sous l'eau», explique, emphatique, Herman Kolgen.

Silence, on tourne: IN/JECT s'appuie d'abord sur un montage des images captées durant ce curieux tournage. Comment le cobaye agit, réagit (survit, pourrions-nous même dire en cette époque de Waterboarding...) à ces conditions extrêmes. Les images renvoient, présumons-nous, à un certain combat face à l'adversité, pour parler comme un superhéros. Une trame sonore accompagne le cobaye dans sa lutte contre les éléments.

Pourquoi, d'ailleurs, avoir choisi un designer plutôt qu'un athlète, un plongeur professionnel? «J'étais à Shanghai lorsque je réfléchissais à ce projet, explique Kolgen. À côtoyer tous ces gens, j'ai réalisé que j'avais besoin d'un homme d'origine asiatique. Pas un modèle, pas un musclé, quelqu'un d'ordinaire», à qui le spectateur pouvait s'identifier.

Au cours des 10 dernières années, Herman a parcouru la planète avec Dominique T.Skoltz pour présenter une série d'oeuvres audiovisuelles d'une force évocatrice qui a été reconnue de la Chine au Mexique, en passant par l'Europe. Cette oeuvre, IN/JECT, marque le début d'une nouvelle ère créatrice, «mais pas la fin d'une autre», de dire l'artiste.

Une continuité, à tout le moins dans la forme, forcément plus personnelle: «IN/JECT est un work-in-progress et d'ailleurs, il est peut-être un peu trop chargé d'émotion à ce stade-ci. Ça va évoluer» depuis la première, ce soir, jusqu'à ce que l'oeuvre soit présentée à Paris, dans quelques jours, et ensuite au Portugal.

GAS, une première

En première partie de Herman Kolgen, les festivaliers auront la grande chance d'assister à une performance de Wolfgang Voigt, l'un des plus importants acteurs de la scène électronique allemande des 20 dernières années et cofondateur de l'influent label Kompakt (Gui Boratto, Michael Mayer, Superpitcher, The Field, Thomas Fehlmann, etc.).

Comble de bonheur, c'est pour proposer une relecture des compositions de ces quatre albums technoambiants qu'il a lancé, sous le pseudonyme GAS, entre 1996 et 2000, pour le label Mille Plateaux (les albums sont aujourd'hui réédités, en coffret, sur Kompakt).

De l'ambiant classique des années 90, contemplatif, hypnotique, texturé et cadencé, qui s'inscrit dans la lignée des Pete Namlook et Brian Eno, et autres expérimentateurs ambiant et drone. Accompagné d'un visuel dépouillé, l'artiste revisite ses anciennes compositions.

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MUTEK présente A/VISIONS 1: Extended Focus, ce soir, au Monument-National. Avec Herman Kolgen et GAS.