Quartiers Danses prend son envol demain et propose une programmation en salle multigénérationnelle et multiculturelle, dans un esprit d'hybridité. Dimanche soir, le Gesù sera ainsi investi par deux chorégraphes et danseurs aux styles bien différents: Frédéric Tavernini y présentera La mort de la vierge au beau milieu de l'église; au même moment, Andrew Skeels proposera Mosaic sur la scène de l'amphithéâtre.

Tavernini et Skeels n'ont qu'un point commun: ils ont tous deux dansé pour les Grands Ballets canadiens de Montréal. Bien que leurs créations soient présentées le même soir, elles ne s'inscrivent absolument pas dans le même type de démarche artistique.

Danseur de ballet contemporain, Andrew Skeels en est à sa 30e chorégraphie et a remporté l'an dernier le prix «coup de coeur» de Quartiers Danses avec Remembering Giovanni.

C'est durant ses huit semaines de congé allouées par les Grands Ballets cet été qu'il a créé Mosaic, une pièce de 35 minutes.

«J'ai été inspiré par le livre Finding Beauty in a Broken World de Terry Tempest Williams. Elle y utilise la mosaïque comme métaphore pour décrire des choses disparates dans la société.»

«La mosaïque a la faculté de rassembler toutes ces choses décousues et d'en faire quelque chose de nouveau, de beau et de complet. J'ai utilisé le même concept pour ma création, grâce à cinq pièces qui forment un tout.» - Andrew Skeels

Le chorégraphe est parti de ses expériences de vie et de ses relations interpersonnelles pour concevoir cinq séquences très personnelles, abordant autant sa quête d'identité que sa difficulté à trouver sa place dans son Amérique natale en tant qu'homosexuel et artiste, le tout en compagnie de quatre interprètes sur la musique de Chopin, Giovanni Battista ou Sussan Deyhim.

On verra également Andrew Skeels sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier dans Léonce et Léna des Grands Ballets canadiens, à partir du 18 septembre.

La mort de la vierge

De passage à Montréal entre deux représentations en Europe de So Blue aux côtés de Louise Lecavalier, Frédéric Tavernini vient quant à lui offrir au public La mort de la vierge, au sein même de l'église du Gesù. Il s'agit des balbutiements d'un projet qu'il espère de plus grande ampleur. Frédéric Tavernini a en partie été inspiré par le poème de Stéphane Mallarmé L'après-midi d'un faune, adapté en musique par Claude Debussy et sur scène par Vaslav Nijinski, qui a créé une chorégraphie où il dansait lui-même le faune en 1912.

«Tous les danseurs ont, à un certain moment, envie d'avoir l'équivalent de leur faune [créature de la mythologie romaine, proche des satyres de la mythologie grecque]. Il y a eu Nijinski ou encore Jean Babilée dans Le jeune homme et la mort. J'avais envie d'expérimenter cette démarche, tout en m'inspirant de la musique de Debussy et de la version de Nijinski», explique le chorégraphe, qui sera accompagné par quatre musiciens: Marc Djokic au violon, Frédéric Lambert à l'alto, Luc Beauséjour à l'orgue et Chloé Dominguez au violoncelle.

Désireux de sortir des sentiers battus, Frédéric Tavernini a refusé de présenter La mort de la vierge dans une salle classique. C'est donc dans l'église du Gesù qu'il se produira.

Le chorégraphe a visionné des documentaires sur les personnes en fin de vie afin d'observer la manière avec laquelle elles appréhendaient la perte de motricité de leur corps.

«J'ai plein d'idées, une directive, mais ce n'est pas une chorégraphie. C'est dur d'expliquer ça aujourd'hui. Le Conseil des arts du Canada m'a d'ailleurs dit récemment que je devais être plus accessible dans ma démarche sur le mouvement! C'est ma manière de faire les choses», précise Frédéric Tavernini, amusé.

Le danseur reprendra la route avec Frédérick Gravel pour présenter, à la fin du mois de septembre, Usually Beauty Fails en Belgique, en France et en Italie. On pourra découvrir en avril 2015 sa nouvelle création au théâtre La Chapelle, Wolf Songs For Lambs, dans laquelle il retrouvera à nouveau Anne Thériault.

Un aperçu de la programmation

De la grande visite

Pour sa clôture, Quartiers Danses présentera l'une des compagnies les plus réputées d'Europe, le Ballet Preljocaj d'Aix-en-Provence, avec Empty Moves (Parts I, II & III). Une pièce en trois temps mettant en vedette quatre interprètes de talent, chorégraphiée par Angelin Preljocaj sur Empty Words de John Cage.

Le musicien avait créé cette composition en 1977 pour le Teatro Lirico de Milan à partir du texte La désobéissance civile de Henry-David Thoreau, auquel il fit subir toutes sortes de traitements, coupes, collages, atomisations des mots et brouillages. Les 19 et 20septembre à l'amphithéâtre du Gesù.

Les aînés à l'honneur

Le coup d'envoi sera donné par le chorégraphe Randy Glynn et ses 12 danseurs non professionnels âgés de 60 à 77 ans dans un hommage humoristique à la vigueur des aînés, vaguement inspiré de la pièce Kontakthof de Pina Bausch.

Ces six couples nous racontent une histoire d'amour, de perte, de confusion, de mort et de joie. Avec une grande sensibilité et une teinte d'humour, Dancing in the Third Act met en lumière la dignité et la force qu'apporte l'expérience de toute une vie. Le 12 septembre à 19 h 30, Amphithéâtre du Gesù.

Les Ballets jazz au rendez-vous

Les Ballets jazz de Montréal s'invitent au Musée des beaux-arts de Montréal pour y présenter une soirée de duos de différents chorégraphes, de Cayetano Soto (Zero in On) à Annabelle Lopez Ochoa (La pluie) en passant par Benjamin Millepied (Closer) et Wei Wei Wang (Night Box), tous accompagnés de la pianiste Brigitte Poulin qui interprétera des pièces de compositeurs comme Jean-Sébastien Bach et Philip Glass. De courtes créations fusionnant à la fois le classique et le contemporain. Les 17 et 18 septembre à la salle Bourgie du MBAM.

À l'extérieur

Catherine Lafleur, gagnante du prix du public Quartiers Danses 2013, adapte sa pièce Struggle II pour l'extérieur. Neil Sochasky s'inspire de l'une des scènes du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain pour une installation chorégraphique avec les étudiants de l'École de danse contemporaine de Montréal. PARTS+LABOUR_DANSE et Katia Gagné visitent la verrière du Musée des beaux-arts de Montréal, et la New-Yorkaise Maya Orchin présente sa nouvelle création, Mania, à l'extérieur. Au belvédère du Mont-Royal, Helen Simard rassemble quant à elle 100 artistes montréalais pour présenter un manifeste artistique.