Benjamin Millepied, jeune star de la danse contemporaine, a été nommé par l'Opéra de Paris pour diriger son prestigieux ballet, le choix d'un changement de génération et d'un «outsider» formé aux États-Unis.

Le chorégraphe et danseur français de 35 ans, propulsé dans les rubriques «people» des magazines par son mariage en août 2012 avec Natalie Portman, rencontrée pendant le tournage du film Black Swan, qu'il a chorégraphié et interprété, prendra ses fonctions en octobre 2014.

Le couple, qui a un petit garçon, va chercher «un endroit où vivre rapidement» à Paris. «Ce n'est pas très compliqué, on va venir vivre à Paris», a-t-il déclaré à l'AFP, assurant que «c'est un choix familial» et que l'actrice américaine pourrait en profiter pour se concentrer sur «des projets européens».

Le visage détendu en dépit du décalage horaire, Benjamin Millepied a indiqué au cours de la conférence de presse jeudi qu'il allait avec «beaucoup de respect et d'humilité» diriger les 154 danseurs du ballet, connus «pour leur style, fait de raffinement, d'élégance, d'un certain port de bras: on reconnaît un danseur de l'Opéra de Paris en 10 secondes».

Le plus jeune et le plus extérieur des candidats pressentis pour succéder au règne de 20 ans de Brigitte Lefèvre à la tête du ballet, sait qu'il devra apprivoiser la maison avant de lancer ses propres projets.

Parmi les candidats déçus figurent nombre d'étoiles ou d'anciennes étoiles du ballet, pour la plupart formées pendant l'ère Noureev, comme Laurent Hilaire (actuel maître de ballet), Nicolas Le Riche, Charles Jude, Manuel Legris, Sylvie Guillem, et des chorégraphes déjà «classiques» de la danse contemporaine comme Angelin Prejlocaj et William Forsythe.

«Fraîcheur et brillance»

Avec Benjamin Millepied, c'est une nouvelle génération, frottée au métissage des pratiques artistiques et à la vidéo, qui passe aux commandes. Il souhaite «créer une cellule chorégraphique qui va soutenir les danseurs qui ont le désir de chorégraphier au sein de l'Opéra».

S'il veut «faire vivre la tradition des grands ballets avec fraîcheur et brillance», il entend aussi «créer des ballets de notre temps avec le vocabulaire classique». «Aujourd'hui, l'Opéra de Paris renoue avec cette tradition d'avoir un directeur de ballet chorégraphe qui crée pour le répertoire», a-t-il souligné, allusion à Serge Lifar ou Rudolf Noureev.

Le jeune chorégraphe a fait ses classes à New York. Il a été nommé étoile ou «principal dancer» du New York City Ballet en 2002, au sein duquel il a interprété les grands rôles des ballets de George Balanchine, Jerome Robbins, le chorégraphe du fameux West Side Story, qui devient son mentor, Peter Martins, et a participé à des créations contemporaines (Angelin Prejlocaj notamment).

Parallèlement, il se lance dans ses propres créations: une vingtaine en dix ans, dont deux à l'Opéra de Paris.

Quittant le New York City Ballet en 2011, il lance sa propre compagnie, L.A. Dance Project, une sorte de laboratoire croisant les talents de la danse avec ceux des compositeurs et artistes plasticiens. Un «travail collaboratif, peut-être le plus difficile», qu'il entend mettre en pratique à l'Opéra de Paris.