À 28 ans, la harpiste québécoise Valérie Milot a déjà six albums à son actif. Cette fois, elle franchit une nouvelle étape en proposant son premier album avec orchestre, et pas n'importe lequel: Les Violons du Roy. Elle présente également cette semaine un récital solo à la Chapelle historique du Bon-Pasteur.

Sur ce nouvel album, on trouve trois concertos qui sont de véritables piliers du répertoire pour harpe: celui de Handel, celui de Boieldieu et celui pour flûte et harpe de Mozart, avec la flûtiste Claire Marchand.

«C'est mon premier disque de concertos, la forme musicale que je préfère, et c'est du répertoire dans lequel Les Violons du Roy excellent, dit Valérie Milot. Ces oeuvres ont déjà été enregistrées des milliers de fois, mais malgré cela, j'ai l'impression que nous avons réussi à apporter quelque chose de différent. J'ai composé moi-même toutes mes cadences, et Les Violons du Roy apportent leur signature sonore, cette couleur, cette unité et cette énergie qui leur sont propres et que l'on reconnaît tout de suite à l'audition.»

La personnalité musicale et le développement d'une vision particulière à chaque artiste sont des thèmes chers à la musicienne native de Trois-Rivières.

«Mon but ultime, c'est que les gens m'identifient comme une musicienne avant tout, au lieu de m'associer uniquement à mon instrument, dit-elle. En ce moment, je suis dans un processus de définition de ma personnalité d'artiste. L'étape des concours est derrière moi. Maintenant, j'aimerais sortir des frontières, jouer ailleurs et faire carrière comme soliste. Pour l'instant, je ne recherche pas un poste dans un orchestre.»



Une enfance musicale

«Dans ma famille, on a tous appris la musique dès l'âge de 3 ans, raconte-t-elle. Je faisais du piano et, vers 10 ans, j'ai voulu explorer autre chose. Mes parents nous amenaient souvent à des concerts. En assistant à un concert de harpe, j'ai été très impressionnée parce que c'est un instrument imposant.»

En attendant d'être assez grande pour pouvoir jouer sur une harpe moderne, elle entreprend alors son apprentissage sur une harpe celtique.

«La harpe est un instrument qui permet un lien particulier avec l'interprète, parce qu'on le tient près de nous, que l'on entoure de nos bras et que l'on touche aussi avec nos jambes pour actionner les pédales. Pour moi, ça me convenait plus pour m'exprimer que le piano, parce que je me sentais plus près de mon instrument.»

En 2008, elle a terminé ses études au Conservatoire de Trois-Rivières. La même année, les distinctions se sont mises à pleuvoir: Prix d'Europe, Jeune Soliste 2009 des Radios francophones publiques, Prix de la meilleure interprétation pour une oeuvre contemporaine au Concours international de harpe de la Cité internationale de Paris, Découverte de l'année des prix Opus et Révélation de l'année 2009-2010 de Radio-Canada.

C'est vers la même époque qu'elle a enregistré son premier disque avec Analekta, un album récital. Elle en a aussi enregistré deux avec son conjoint, Antoine Bareil, nouveau violon solo de l'Orchestre symphonique de Laval.



Au-delà des préjugés

«La harpe a un côté romantique, mais elle dégage aussi beaucoup de force», croit Valérie Milot, qui aimerait changer les perceptions du public envers son instrument. En effet, l'imagerie populaire associe encore la harpe aux anges, aux musiques célestes et même au courant Nouvel Âge, des clichés qui agacent la musicienne.

«Il y a des préjugés envers la harpe. On entend les gens dire que cela ne sonne pas, ou que c'est joué par des dames en robe blanche. Je veux démontrer que c'est aussi autre chose. Il y a un certain renouveau et un intérêt pour la harpe actuellement avec de grands interprètes comme Xavier de Maistre et Catrin Finch, qui cassent cette image.»

Elle s'y emploiera elle aussi jeudi, dans un récital comprenant des oeuvres de Debussy, Satie, Smetana et Albéniz. «La harpe a un répertoire soliste très intéressant et diversifié, mais méconnu, qu'il faut faire découvrir. On gagne à mieux le connaître.»

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Valérie Milot en récital, 21 novembre, 20h, Chapelle historique du Bon-Pasteur.