L'Orchestre baroque Arion - ou «Arion Orchestre Baroque», comme il s'identifie lui-même - ouvre sa 33e saison, salle Bourgie, avec un programme en lien avec l'exposition vénitienne présentée tout à côté, au Musée des beaux-arts. Chose rare chez Arion, ce programme est donné quatre fois; il en sera de même pour un second programme «vénitien» le mois prochain.

Ce programme-ci est confié au violoniste italien Enrico Onofri, qui agit également comme chef du petit ensemble. Vivaldi, l'«écho musical» du nom même de Venise, y figure quatre fois. On entend tout d'abord l'ouverture (ou «sinfonia») de l'une de ses innombrables cantates. L'ensemble d'une douzaine de musiciens sonne bien et crée dans l'Andante central d'intéressants effets de lointain.

Le meilleur est à venir. L'invité et trois des violonistes d'Arion, dont le «pilier» Chantal Rémillard, unissent leurs archets pour ce concerto entendu le plus souvent dans la transcription de Bach pour quatre claviers (clavecins ou pianos). Du beau travail ici encore.

Venant après l'entracte, Claire Guimond, la fondatrice et directrice artistique d'Arion, tire de sa flûte baroque en bois noir des sons pareils à ceux d'un oiseau heureux. Et pour cause: elle joue le concerto intitulé Il Gardellino, c'est-à-dire Le Chardonneret, et se fait expressive au Cantabile central, devenu trio avec petit orgue (Hank Knox) et luth (Sylvain Bergeron).

La dernière oeuvre au programme vaut le concert entier. Jouant et dirigeant cette fois de mémoire, Enrico Onofri traverse avec autant de raffinement musical que d'aisance technique le huitième des 12 concertos du recueil Il Cimento dell'Armonia e dell'Inventione. Il rafraîchit cette musique par une généreuse ornementation. Il montre, au Largo médian, que le jeu sur cordes de boyau peut être expressif. Il arrache à l'ensemble d'énergiques doubles cordes et le conduit à un vaste crescendo final qui provoque une ovation spontanée, à laquelle il répond par un autre Vivaldi transcrit par Bach.

Cette nouvelle présence se manifeste dans les pièces de Gabrieli et de Galuppi et dès la toute première, soit l'une des sonates «in stil moderno» du très obscur Dario Castello, qui conjugue violon très ornementé et contrastes dynamiques tout autour. L'auteur des notes écrit que, de ce Castello, «presque rien ne nous est parvenu, hormis les trente oeuvres qui nous sont parvenues». On s'en doutait un peu.

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ORCHESTRE BAROQUE ARION. Chef invité et soliste: Enrico Onofri, violoniste. Hier soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts; reprise ce soir, 20 h, demain, 16 h, et dimanche, 14 h.