L'Orchestre de la Francophonie entre dans sa 13e saison discrètement et pour ainsi dire par la porte de service. Présentement à l'étranger avec un autre orchestre, son chef et fondateur Jean-Philippe Tremblay a confié le premier concert de l'«édition» 2013 à un illustre inconnu, un ancien trompettiste américain du nom de Douglas Pace Sturdevant. Par ailleurs, l'OF lui-même est réduit cette année à 50 musiciens. Bien que ce premier concert ait été offert gratuitement, Pollack Hall n'était qu'à moitié rempli et le programme, ou plutôt le papier remis à la porte, ne contenait pas un mot sur les oeuvres et les participants.

Concernant le chef invité, M. Tremblay a fait là un parfait «choix de carrière» en ce sens que le nouveau venu n'a pas l'ombre d'une chance de lui porter ombrage. L'homme entre timidement, comme s'il avait peur de déranger, et il sort de scène aussi timidement, comme s'il s'excusait d'y être venu. Et que fait-il pendant qu'il est debout devant l'orchestre? On se le demande. Il bat la mesure en tournant les pages de sa partition, n'accorde pas la moindre importance à l'équilibre des groupes, laisse les cuivres engloutir le reste de l'orchestre (son côté «trompettiste», sans doute) et ne tire absolument rien de l'Écossaise de Mendelssohn, ainsi transformée en un interminable pensum affecté de nombreuses attaques floues.

Étrangement, les 35 cordes de l'orchestre, et principalement les quatre contrebasses, confèrent beaucoup de poids à la très courte pièce plutôt tonale d'Olivier Larue. Bien que l'intonation ne soit pas toujours de la plus parfaite justesse, l'effet est d'autant plus grand que tout est dit en cinq minutes.

L'orchestre sonne bien dans le célèbre Faune de Debussy et le fameux Concerto pour trompette de Haydn, mais, dans chaque cas, ce sont les solistes qui retiennent l'attention. Dans le Debussy, c'est d'abord la flûtiste, ensuite la harpiste, toutes deux impeccables; dans le Haydn, le jeune Aaron Hodgson. Celui-ci possède une attaque très nette, une articulation claire, des trilles précis et un aigu brillant mais toujours rond. Il a légèrement «craqué» deux ou trois fois: rien de grave. Ce garçon a tout pour devenir premier-pupitre d'un orchestre majeur.

Une précision en terminant: le Concerto pour violoncelle que Stéphane Tétreault créera l'été prochain à l'OF a été commandé à Julien Bilodeau et non à Olivier Larue.

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ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE. Chef invité: Douglas Pace Sturdevant. Solistes: Aaron Hodgson, trompettiste, et Vivianne Bélanger, flûtiste. Mercredi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.

Programme:

Prélude à l'après-midi d'un faune (1894) - Debussy

Le tombeau du temps, pour cordes (2011) - Larue

Concerto en mi bémol majeur pour trompette et orchestre, Hob. VIIe: 1 (1796) - Haydn

Symphonie no 3, en la mineur, op. 56 (Schottische) (1842) - Mendelssohn