Le Concerto en mi mineur, op. 64, de Mendelssohn est l'un des concertos pour violon les plus joués en concert et les plus enregistrés. Le jeune violoniste canadien James Ehnes en signe à son tour un disque d'une conception assez originale. Il aurait pu jumeler l'op. 64 avec un autre concerto du répertoire, comme cela se fait habituellement, ou encore avec une rareté comme le petit Concerto en ré mineur, avec orchestre à cordes, que le précoce Mendelssohn composa à 13 ans. Ehnes a plutôt choisi le célèbre Octuor pour cordes op. 20, autre oeuvre de jeunesse, où le premier violon est presque soliste à certains moments.

Bien que jouées et enregistrées à satiété, les deux oeuvres reçoivent ici des interprétations entièrement repensées qui nous les livrent dans une nouvelle fraîcheur.

Ehnes joue le Concerto avec le Philharmonia de Londres, que dirige Vladimir Ashkenazy, et l'Octuor avec le Seattle Chamber Music Society. Il avait joué le Concerto à l'OSM en 2007 et avait participé à une exécution de l'Octuor dès 2001 au Festival de Denis Brott. Il a grandement mûri depuis.

Il attaque le Concerto à un tempo qui semble un peu rapide, mais qui est tout à fait conforme à ce que demande Mendelssohn, «Allegro molto appassionato», et y déploie immédiatement cette sonorité incisive et cette absolue justesse, jusqu'au suraigu, qui marqueront le disque entier.

Parmi les nuances nouvelles que Ehnes apporte à la partition familière, on note au premier mouvement un surprenant «rallentando/diminuendo» au passage indiqué «tranquillo» qui annonce le deuxième thème (mesure 125, à 2'40 sur l'indicateur).

Le mouvement lent se déroule sur un ton que je qualifierais d'«amoureux» et le finale extrêmement rapide révèle une maîtrise du violon qui laisse pantois. L'orchestre est partout très présent, avec des bois bien caractérisés.

Même total envoûtement avec l'Octuor op. 20. L'exceptionnelle prise de son aidant, les plans sonores créés par les quatre violons et les quatre cordes graves (altos et violoncelles) ont un relief inhabituel et le célèbre Scherzo (le troisième mouvement) est animé d'étranges raffinements sonores évoquant quelque Songe d'une nuit d'été...

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MENDELSSOHN: JAMES EHNES, VIOLONISTE.

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