Hier soir prenait fin au Conservatoire, en présence d'une bonne centaine d'auditeurs, l'événement de trois jours centré sur la musique de Théodore Dubois.

Identifié exclusivement au populaire oratorio paroissial Les Sept Paroles du Christ, le compositeur et théoricien français a laissé une production considérable aujourd'hui oubliée. Convaincus que cette musique mérite mieux, quelques musiciens québécois s'emploient depuis quelques années à la faire connaître. Ils participaient d'ailleurs aux trois concerts, qui furent tous précédés d'un avant-propos du chef d'orchestre Louis Lavigueur, l'un des premiers à promouvoir ici la musique de Dubois.

Le pianiste Olivier Godin et la violoniste Anne Robert étaient à l'origine de l'événement, qui bénéficiait de la présence de deux descendants du compositeur: Francis Dubois comme président d'honneur (et qui dialoguait sur scène avec M. Lavigueur) et la pianiste Carole Dubois.

Anne Robert et ses collègues du Trio Hochelaga occupaient la majeure partie du programme d'hier soir. Ils ont d'abord joué trois petites pièces datées de 1903, 1904 et 1922, ensuite le premier Trio, de 1904, et finalement le très long Quintette de 1905 avec l'altiste Teng Li et le clarinettiste Jean-François Normand.

Entre ces pages, on entendit un groupe de quatre mélodies chantées par la soprano Anne Saint-Denis et une Suite villageoise de 1877, à l'origine pour orchestre, dans un arrangement pour piano à quatre mains de Dubois lui-même, joué par M. Godin et son invitée de France.

Sommes-nous, avec Théodore Dubois, en face d'un génie méconnu? Je ne crois pas. Cette musique est conçue par un musicien de métier qui sait écrire pour les instruments, pour les ensembles et pour la voix, mais qui manque d'originalité et a peu à dire. Ces thèmes généreux qui enrichissent la musique de son contemporain César Franck, par exemple, on les attend en vain chez lui. Des notes, des notes, des notes, mais peu d'idées.

J'admire cependant le zèle de tous ces champions de Dubois et reconnais la haute conscience professionnelle et le total engagement musical qu'ils ont apportés au sujet. À signaler, en particulier: l'électrisante énergie du Trio Hochelaga, la superbe sonorité de son violoncelliste, et le commentaire extrêmement agissant du pianiste Olivier Godin dans les mélodies. Anne Saint-Denis a chantées celles-ci avec un art raffiné qui faisait oublier quelques légers problèmes de justesse.

AUTOUR DE THÉODORE DUBOIS. Troisième et dernier concert, hier soir, au Conservatoire de musique.