Une partie de l'âme musicale de Calgary s'est retrouvée sur la scène de Wilfrid-Pelletier mardi soir: le Brésilien Roberto Minczuk, 43 ans, titulaire du Calgary Philharmonic depuis quatre ans et chef invité à l'Orchestre Symphonique de Montréal, avait comme soliste son très jeune concitoyen Jan Lisiecki, pianiste de 14 ans et grand lauréat du 70e Concours OSM.

La rencontre était tout à fait fortuite cependant. L'engagement de M. Minczuk figurait à la programmation 2009-10 annoncée le printemps dernier, alors que la compétition annuelle de l'orchestre avait lieu en novembre.

Jan Lisiecki n'est pas précisément une «découverte» du Concours OSM, ayant fait grande impression dès 2008 dans le Concerto K. 466 de Mozart à l'Orchestre de chambre McGill. Le blond adolescent d'origine polonaise y reviendra le 3 mai pour les deux Concertos de Chopin, au même concert, à l'occasion du bicentenaire de son lointain compatriote.

Mardi soir à l'OSM, il avait choisi le premier Concerto. J'ai retrouvé chez lui les mêmes étonnantes qualités qu'en 2008: une technique immaculée, une sonorité cristalline et, surtout, cette vraie dimension d'interprète qui donne un sens à ce qu'il faut bien appeler une avalanche de notes. En plus d'être virtuose, Jan Lisiecki se montre, à 14 ans, plus musicien que des pianistes ayant deux et trois fois son âge. Une toute petite réserve: une tendance à presser ici et là au finale.

Applaudi et rappelé par la foule debout, il a ajouté, de Chopin encore, la Valse op. 64 no 2.

Le chef invité a bien accompagné le concerto et obtenu une réponse efficace de l'orchestre dans ce qui complétait le programme. Programme beaucoup trop long cependant. On est sorti de là à 22 h 25. L'OSM ne songe-t-il donc jamais aux pauvres gens qui travaillent tôt le matin?...

Une modification de l'ordre du programme laissait, après l'entracte, toute la vedette à M. Minczuk et son «grand numéro», c'est-à-dire, dirigées de mémoire, la Symphonie no 104 de Haydn et l'une des suites du Rosenkavalier de Strauss. Dans le Haydn: orchestre un peu gros, mais transparence étonnante et accents bien marqués. Menuet bien rapide cependant. Dans le Strauss: somptueux déploiement orchestral, oui, mais ces suites reviennent trop souvent aux programmes de l'OSM.

La pièce en deux parties du Canadien Andrew Staniland qui ouvrait le concert retient certains éléments de musique tonale tout en sonnant «moderne». Première partie contemplative, seconde partie turbulente. Au total: 15 minutes qui s'écoutent plutôt bien. Dans les circonstances, il fallait sacrifier le Strauss, qui commença à 22 h, soit à l'heure où les concerts se terminent habituellement.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Roberto Minczuk. Soliste: Jan Lisiecki, pianiste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Air Canada».

Programme:

Two Movements for Orchestra (2002
) - Staniland

Concerto pour piano et orchestre no 1, en mi mineur, op. 11 (1830) - Chopin

Symphonie no 104, en ré majeur, Hob. I: 104 (1795) - Haydn

Suite de l'opéra Der Rosenkavalier, op. 59 (1911) - Strauss