Encore un secret bien gardé de l'OSM. C'est une fois dans la salle seulement, et en se hâtant de consulter le programme avant que la noirceur n'envahisse les lieux, que l'on apprend qu'une partie du concert est enregistrée et, du même coup, que l'OSM entre chez Warner Classics, pour cette nouvelle aventure tout au moins.

Pas un mot là-dessus, avant le concert, dans les communiqués ou autrement. Rien. Comme si ce qui se passe à l'OSM ne regardait pas le public, de qui on réclamera pourtant le plus parfait silence.

 

La partie du concert destinée au disque est celle qui comprend les deux pièces de l'obscur compositeur américain Michael Daugherty jouées avant et après l'entracte, soit Fire and Blood et Flamingo.

L'OSM n'avait pas annoncé non plus que l'auteur serait présent. M. Daugherty est venu saluer après chaque pièce. On a vu apparaître un géant de l'Iowa, mais on n'a certainement pas découvert un compositeur majeur.

Fire and Blood est une sorte de concerto pour violon en trois mouvements inspiré par des murales du peintre mexicain Diego Rivera ayant pour thème l'industrie automobile de Detroit. Cela dure 29 minutes et le soliste y joue presque sans répit - doubles cordes arrachées au violon, harmoniques longuement tenues, rêveries de style tzigane, mouvements perpétuels - et presque toujours sur fond d'orchestre bruyant et coloré, du genre musique de film.

Le jeune Alexandre da Costa y fut éblouissant. J'irais jusqu'à dire que sa prestation fut supérieure à la musique qu'il avait entre les mains - une musique qui divertit, sans doute, mais qui compte peu.

Même chose pour Flamingo, où l'orchestre est réduit (exemple: quatre contrebasses au lieu de huit) et disposé différemment. Le petit numéro pour deux tambours de basque est amusant. On peut oublier le reste.

Le chef invité, l'Espagnol Pedro Halffter, a manifestement apporté le maximum à l'exécution des deux pièces. L'homme sait battre la mesure et sait créer une atmosphère, comme on l'a vu, ou plutôt entendu, dans les claquements et les demi-teintes du ballet Rodeo de Copland. Et il a de l'imagination: à preuve, sa conception, pleine d'idées nouvelles, des danses de West Side Story de Bernstein qu'on ne pouvait plus entendre tellement l'OSM les a jouées et rejouées.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Pedro Halffter. Soliste: Alexandre da Costa, violoniste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série Air Canada. Programme: Suite d'orchestre du ballet Rodeo (1942) - Copland Fire and Blood, pour violon et orchestre (2003) - Daugherty Flamingo (1991) - Daugherty Symphonic Dances de la comédie musicale West Side Story (1957) - Bernstein