C'est la saison des premières pour Yannick Nézet-Séguin en Europe. Après avoir officiellement pris ses fonctions de directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam, il a donné vendredi son tout premier concert en tant que principal chef invité de l'Orchestre philharmonique de Londres.

Pour le jeune chef québécois qui n'avait joué qu'une seule fois avec l'orchestre londonien, le rendez-vous de vendredi soir était une «date très importante». Et pour cause: il n'avait pas revu l'orchestre depuis le «coup de foudre» de mars 2007 qui avait mené à l'annonce de sa nomination l'automne dernier.»GA cause de nos calendriers, plus d'un an a passé. Il y a donc beaucoup d'attentes de ma part et de leur part. Mais je crois que ces attentes vont être comblés à la lumière de la première répétition», expliquait le chef quelques jours avant de prendre place sur le piédestal du Royal Festival Hall, au bord de la Tamise.

Pour l'orchestre, l'arrivée de Yannick Nézet-Séguin comme principal chef invité marque un tournant important. L'année dernière, leur chef principal, Kurt Masur, a tiré sa révérence à l'âge de 80 ans pour céder sa place à Vladimir Jurowski, un chef dans la trentaine. L'arrivée du jeune québécois complète donc le changement de garde.

Timothy Walker, le directeur artistique de l'orchestre qui est à l'origine de ce rajeunissement, précise avoir vu Yannick Nézet-Séguin pour la première fois en 2004. Son impression? «J'ai tout de suite vu que Yannick Nézet-Séguin était un des chefs parmi les plus excitants de sa génération», assure-t-il. En tant que chef principal invité, Nézet-Séguin doit donner quatre concerts par année. Le contrat est d'une durée de trois ans, mais est généralement prolongé, précise Timothy Walker. Le directeur artistique souhaite également que l'orchestre fasse des enregistrements et des tournées avec le chef québécois.

L'orchestre londonien possède d'ailleurs une longue expérience des tournées à l'étranger. Il fut le premier orchestre occidental à jouer en Russie, puis en Chine. L'orchestre qui doit se rendre aux

Etats-Unis l'année prochaine, espère également franchir le 45ème parallèle et jouer soit à Montréal, Toronto ou Ottawa. «Nous sommes en train de négocier», soutient le directeur artistique.

Yannick Nézet-Séguin devrait également diriger des opéras avec le Philharmonique de Londres qui est l'orchestre attitré du prestigieux Festival de Glyndebourne. Mais son emploi du temps est tellement chargé qu'il n'est pas encore parvenu à déterminer une date pour ce faire. «On a des difficultés avec les dates parce mon agenda s'est rempli mur à mur jusqu'à l'été 2012, au cours de la dernière année», admet le jeune chef.

Pour le concert de vendredi, Yannick Nézet-Séguin et l'orchestre ont proposé un programme assez exubérant où les cuivres et les percussions ont tenu le public en haleine. Après La valse de Maurice Ravel, le chef d'orchestre a invité le tromboniste Christian Lindberg à prendre le devant de la scène. Ce dernier a interprété avec aplomb et beaucoup d'humour, une délirante composition de Jan Sandstrom, Cantos de la Mancha. Après cet intermède comique, l'orchestre a conclu sur une pièce de Modeste Moussorgski : Tableaux d'une exposition. Et, à en juger par les applaudissements fort nourris, il semble que le fameux «coup de foudre» entre les musiciens et le chef québécois de mars 2007, se soit étendu aux spectateurs en octobre 2008.