En France, Christophe Maé est une star qui accumule les récompenses et compte plus de cinq millions d'albums vendus. À Montréal, il pouvait encore se promener incognito dans la rue - du moins, jusqu'à son passage remarqué à l'émission En direct de l'univers. La Presse s'est entretenue avec le chanteur qui se produira dans la métropole au début du mois de mai.

De passage en ville pour chanter Il est où le bonheur à Francis Reddy à l'émission En direct de l'univers, Christophe Maé ne pouvait rêver d'un plus bel accueil de la part du public québécois. Hier encore, le chanteur était au sommet du palmarès des ventes d'albums et de chansons francophones sur iTunes Canada, et son concert à l'Olympia le 5 mai affichait déjà complet. Assez pour qu'il ajoute une supplémentaire le 8 mai!

«Depuis l'émission, des gens m'arrêtent pour me dire qu'ils ne me connaissaient pas, mais qu'ils adorent cette chanson. J'ai l'impression de revivre mes débuts en France il y a 10 ans. C'est un vent de fraîcheur qui me fait énormément de bien», confie Christophe Maé.

L'auteur-compositeur-interprète, qui roule sa bosse depuis une décennie en France, se lancera le 25 avril dans une tournée nord-américaine qui prendra fin à Montréal, où il jouera pour la toute première fois.

«Je suis assez excité de faire voyager ma musique et de découvrir du pays. J'ai envie de prendre un peu de recul sur ce que je fais en France. Je vais essayer de faire un best of de mes quatre albums pour montrer la palette de ce que j'ai pu faire depuis 10 ans au public québécois.»

Le chanteur voyagera avec ses musiciens qu'il considère comme sa famille musicale. «J'emmène avec moi Allen Hoist, un joueur de saxophone new-yorkais, et des musiciens qui m'accompagnent depuis 20 ans. Deux d'entre eux faisaient la manche avec moi à Saint-Tropez!», se souvient-il.

Fils de pâtissiers de Carpentras, commune du sud de la France, Christophe Maé tombe amoureux de la musique alors qu'il est alité pendant un an à cause d'une polyarthrite qui le frappe à l'âge de 14 ans.

«J'ai écouté beaucoup de musique, dont Stevie Wonder qui m'a donné envie de jouer de l'harmonica. J'ai passé huit mois à en jouer pendant quatre à cinq heures par jour! À 18 ans, mon père m'a demandé de faire une formation en pâtisserie au cas où la musique ne marcherait pas», se rappelle-t-il.

Mais le chanteur de 40 ans a plutôt choisi de rouler sa bosse sur les terrasses de café et dans les pianos-bars pendant de nombreuses années avant de finalement percer en France.

«Je reprenais du Bob Marley, du Tracy Chapman, du Otis Redding. J'ai construit mon identité musicale et j'ai commencé à faire ma propre musique. J'ai rencontré un producteur dans un club en Corse qui m'a offert un rôle dans la comédie musicale Le Roi Soleil. J'ai sorti mon premier album dans la foulée, il y a 10 ans, et, depuis, ça n'a plus arrêté. Je suis conscient de vivre un rêve éveillé, je n'ai pas d'agent, je fais les choses comme je l'entends et ça se passe plutôt bien», conclut-il.

Christophe Maé en quatre titres

Ça fait mal (Mon paradis, 2007)

«J'étais dans les coulisses de la comédie musicale Le Roi Soleil. La fille d'une des danseuses était là et pleurait. Je lui ai demandé ce qu'elle avait et elle m'a dit que sa mère venait de se séparer et que ça lui faisait mal de vivre sans son papa. La détresse de cette petite m'a perturbé. Ce n'est pas dramatique, mais, pour se construire dans la vie, on a besoin de son père et de sa mère. Je me suis approprié son histoire pour écrire cette chanson.»

J'ai laissé (On trace la route, 2010)

«C'est un mec qui ne se remet pas d'une déception amoureuse et s'enferme dans sa baraque. Il a tout laissé. Ce n'est pas autobiographique, même si je l'avais vécu bien plus jeune. L'amour est un thème récurrent dans la chanson. Tout a été dit, mais j'avais besoin de faire ma chanson à ma sauce.»

La poupée (Je veux du bonheur, 2013)

«J'habite dans le sud de la France, mais j'ai un petit appartement à Paris. Il y a six ans, il y avait cette fille qui squattait en bas de chez moi et qui faisait la manche. Ça faisait deux ans qu'elle était là et j'avais l'habitude de lui parler quand je passais. J'en ai fait une chanson, car, un jour, elle a disparu. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Je m'étais habitué à cette femme d'une soixantaine d'années au visage abîmé par la vie qui était d'une douceur quand elle me parlait!»

Il est où le bonheur (L'attrape-rêves, 2016)

«Le bonheur n'est pas un état constant. Ce n'est pas quelque chose que tu attrapes et tu te dis: "Ça y est, je l'ai jusqu'à la fin de mes jours!" Je sortais de ma tournée précédente, où j'avais fait plus de 150 dates et rencontré des milliers de personnes tous les soirs. Je me suis retrouvé chez moi, pourtant, avec mes deux petits gars et ma chérie, et je n'avais pas le moral. Il m'est venu cette phrase et j'en ai fait ce titre.»