«Jim Zeller... Oui, oui, l'émule d'Alice Cooper au maquillage permanent, le freak qui joue de la musique à bouche plus vite que son ombre. On l'a vu au Jazz, une fois...»

Vingt-sept fois, en fait, depuis 1985, mais jamais au Monument-National où Jim Zeller donne ce soir le spectacle-lancement de Circus, le cinquième album de sa longue carrière.

Un autre disque d'harmonica-mitraillette? Pantoute! De blues, alors? «Oui, les gens m'associent au blues parce que ça fait partie de mes racines», explique tranquillement Jim Zeller, 61 ans, rencontré la semaine dernière avec Jean Millaire, son frère en musique avec qui il a réalisé Circus.

Si Jim Zeller parle de «blues extrême», ce n'est qu'en termes d'influences, car une seule des 10 pièces de l'album - Sweet Nanoo, dédiée à sa compagne - correspond formellement au genre.

Alors? «Il n'y a pas de tradition qui m'empêche d'aller où je veux», lance Jim Zeller en expliquant comment il a procédé à l'envers dans la réalisation de ce disque où l'on découvre, ou redécouvre, ses talents de chanteur. Et de conteur d'«histoires universelles»: le gars toujours sur la route, la blonde qui doute (Ain't So Bad), le vieux chanteur qui rêve encore à la gloire (One Step Closer to Vegas), l'attrait apaisant de la rivière (Down to the River).

Ici une manière d'hommage avec Halloween in Hollywood With Johnny Depp; là, le traditionnel Midnight Train ou le cri d'alerte de Wild Life (For a Wild, Wild Man). Jim Zeller écolo? Non, mais citoyen conscient du «monde fucké» que l'Homme manufacture tranquillement pour ses descendants.

«Avec le guitariste Freddy Freedom [Frederick Laliberté] - on joue ensemble depuis quelques années -, j'avais monté quelques maquettes voix-harmonica-guitare sèche. D'habitude, en studio, on commence par le drum et on construit à partir de ça: c'est la vieille école. Nous, au Studio Phoenix de Morin-Heights, on a fait le contraire pour six des tounes de l'album. On a ajouté des tracks aux maquettes: le drum, la basse, les guitares...»

Ensuite, Jim Zeller a appelé son vieux chum Jean Millaire pour qu'il écoute ça. Et qu'a fait le coréalisateur des disques de Corbeau, de Marjo, des Salauds et de bien d'autres? «J'ai fait ce que fait toujours un réalisateur: j'ai éliminé, j'ai élagué, j'ai simplifié. Toujours dans le but de respecter l'idée originale de Jim.» Jean Millaire en a enlevé pas mal... et il a rajouté quelques accords sentis pour raffermir le tout.

Accro à la scène

Millaire sera là, ce soir au Café Hydro-Québec du Monument, avec les autres musiciens de Circus: Freddy Freedom, Marc Deschênes à la basse, David Devine à la batterie. Jim Zeller portera sa ceinture de dix harmonicas, mais n'en utilisera que cinq ou six. Et pas toujours dans la «clé» où les autres les attendent. Oui, Jim Zeller est encore harmoniciste. Et meilleur que jamais. Surtout sur la scène où il a passé sa vie.

«Moi, je suis accro à la scène. Je suis toujours à la recherche de l'étincelle qui va me permettre de me réinventer pour provoquer le plaisir. Le mien et celui des gens qui viennent écouter notre musique.»

Dans toutes sortes de lieux où Jim Zeller se «booke» lui-même, car il n'a pas d'agent. «Les managers cherchent plus les petites chanteuses de La voix que des musiciens comme moi. Il s'agit de trouver le bon gars...»

Il se trouvera peut-être au Monument-National ce soir, pas loin de Pierre Moquin, un fan du Bistro à Jojo qui a avancé les fonds pour la production de Circus: «Il a pris une chance...» On n'en prend pas trop ici en avançant que Circus, ce soir, devrait être le meilleur show de rock en ville.

Montréal, vendredi soir, Jim Zeller, l'étincelle...

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ROCK. Circus. Jim Zeller. Éditions Jim Zeller. Lancement ce soir au Monument-National.