Lancé ici il y a huit mois, l'album Dark Eyes du groupe Half Moon Run aura droit à une sortie mondiale avec le label indépendant Glassnote Records.

Le succès ne fait donc que commencer pour ce trio, qui, avec sa musique folk-rock aux arrangements riches et aux envolées vocales prenantes, a suscité beaucoup d'intérêt à l'étranger en 2012.

«On a répété jusqu'à 4h du matin hier», lance Dylan Phillips, batteur et claviériste du groupe, alors que ses acolytes Connor Molander et Devon Portielje quittent les locaux de La Presse, où nous leur avons donné rendez-vous pour une séance photo.

Ces derniers jours, en plus du spectacle magique donné à guichets fermés au National, le 7 décembre, les trois musiciens ont dû répondre à de nombreuses demandes d'entrevue, multiplier les répétitions et trouver le temps de peaufiner de nouvelles chansons.

«Nous partons en Australie le 24 décembre et nous voulons que ce soit prêt, précise Dylan Phillips. On a une trentaine de chansons, mais on a beaucoup d'idées incomplètes et on a besoin de temps.»

Disons que le verbe «bâcler» n'existe pas dans le vocabulaire d'Half Moon Run, qui a donné plus de 130 spectacles depuis la sortie de son album Dark Eyes, en mars dernier. Et voilà qu'hier, l'étiquette montréalaise Indica a annoncé que l'album aurait droit à une sortie mondiale en 2013.

Sur la route

Au cours des prochains moins, Half Moon Run retournera aux États-Unis pour une tournée de spectacles en tête d'affiche et une participation au festival South by Southwest (SXSW), en mars.

Des spectacles au Québec et en Europe s'ajouteront sans doute au calendrier déjà chargé du trio. «On n'a pas fini et il faut écrire», laisse tomber Dylan Phillips, nerveusement.

Devant toute cette effervescence, Dylan Phillips semble dans une sorte de twilight zone. «On a fait plein de shows dans plein de pays. Il est arrivé tellement de trucs... C'est presque trop, admet-il. J'ai un souvenir extraordinaire de l'Islande [au festival Iceland Airwaves]: on jouait à 23h dans une belle salle avec 1600 personnes; on pensait que personne ne nous connaissait, mais les gens chantaient avec nous.»

Au cours des derniers mois, Half Moon Run a également assuré la première partie de spectacles de Metric et Patrick Watson. «Être sur scène avec Lou Reed au Radio Music City Hall avec Metric... Wow! On a tellement eu de moments fous avec Patrick Watson et ses musiciens. Nous étions comme une famille», raconte Dylan Phillips.

Un tel horaire de tournée et une telle intensité de répétition demandent que les membres soient au diapason afin de préserver l'énergie et la bonne entente du groupe. «On apprend toujours. On a eu nos difficultés, mais ça s'arrange. C'est comme un mariage», dit Dylan Phillips en riant.

Du début à la fin de notre entrevue, le batteur a parlé français avec une maîtrise impressionnante pour un gars né en Colombie-Britannique et qui a passé une bonne partie de la dernière année à l'extérieur de Montréal. «C'est à cause de mes études au Conservatoire de musique de Montréal», explique-t-il.

Devon Portielje est originaire d'Ottawa, alors que Connor Molander et Dylan Phillips ont grandi à Comox, en Colombie-Britannique. Le premier a répondu à une annonce que les deux autres ont mise sur Craiglist, puis il y a eu «un jam magique» un soir d'octobre 2009.

C'est là que Dylan Phillips a mis de côté son projet de devenir pianiste classique. «J'ai toujours voulu faire plein de choses, confesse-t-il. Je m'ennuie du piano. J'ai acheté une partition de Schubert l'autre jour, mais je n'ai pas de regret.»

Son souhait pour 2013? «Que nos chansons restent honnêtes et qu'on préserve notre énergie.»

Passion, travail et intégrité. Voilà trois mots qui décrivent bien Half Moon Run.