Paul Daraîche, l'icône du country québécois, réalise un vieux rêve en chantant ses succès avec ceux et celles qu'il admire. Et vice versa. Après 45 ans de carrière et 1,7 million d'exemplaires vendus...

«C'est le plus beau cadeau de ma vie», lance le chanteur au visage buriné par la vie.

Il y a quatre ans, Paul Daraîche a dressé une liste de vingt artistes avec qui il souhaitait chanter en duo. Mario Pelchat, qui a aussi produit les disques et la tournée Quand le country dit bonjour, s'est mis «sur le téléphone» et seize de ces chanteurs ont accepté d'enregistrer la chanson que Paul Daraîche leur avait suggérée. «En studio, un à côté de l'autre, comme dans le temps. Pour Dick Rivers, on est allés à Toulouse», nous racontera le chanteur, avec l'oeil souriant du gars qui se trouve chanceux. «Mario a dit: "Si Dick Rivers accepte de chanter avec nous autres, on fera pas ça par internet!"»

La semaine dernière, le Festival western de Saint-Tite a connu le plus grand lancement de disque de ses 45 ans d'existence quand, pour sa 45e participation à l'événement en 45 ans de carrière, Paul Daraîche y a présenté non pas un 45-tours mais son 27e album, Mes amours, mes amis, en présence de neuf des invités du disque. Entre autres, le Beauceron Maxime Landry, Cindy Daniel la cadette, Daniel Lavoie le «prince» et, surprise! Dick Rivers, venu spécialement de l'autre bord pour chanter Quand les blés seront levés avec le héros du jour. «Je capotais quand j'ai vu Dick arriver sur le stage: j'avais de la misère à chanter!»

Dans les «naturels» pour chanter avec Paul Daraîche, on ne pense pas tout de suite à Hugues Aufray, le seul invité... à apporter sa propre chanson, Stewball. «Hugues Aufray n'avait jamais entendu parler de moi, c'est certain. C'est Mario qui a arrangé tout ça. Sur la gueule!»

Les «naturels», on disait... Patrick Norman, au premier chef, l'autre grand nom du country québécois, fait Six heures moins quart, une histoire de rêves artistiques détruits par les exigences de la vie. Et racontée dans les mots de cette même vie, poésie évoquant la mer et la montagne, la famille et les disparus, le travail et l'amour, le ciel et l'au-delà. Paul Daraîche n'a rien du prédicateur mais il est croyant: «Je ne suis jamais si bien que quand je suis assis seul dans une église».

Parmi les autres qui ont «grandi avec le country», et pas loin de l'église, il y a Roch Voisine, fils illustre du Madawaska, et Isabelle Boulay, la princesse de Sainte-Félicité. Elle a fait connaître À ma mère en Europe; Roch Voisine, lui, a chanté le grand hit de Paul Daraîche pendant sa dernière tournée, Americana, avec les plus grands hits du country américain. Gros trio.

En bonus track, Paul Daraîche chante encore Perce les nuages avec le ténor Marc Hervieux qui appose sa «signature» avec une version italienne, A mia madre, un hit radio assuré pour celles qui ne s'enfargeront pas dans les fleurs de leur «son». Même si Paul Daraîche avoue avoir eu un peu de misère: «Ouais... Marc, il a du coffre! Il a jamais fumé, lui...»

Le plus Gaspésien des Montréalais - le fils de Pabos (Chandler) a fait ses débuts dans le western&country avec sa grande soeur Julie au bar Rocher Percé de la rue Saint-Hubert - a invité Laurence Jalbert, une fille de Rivière-au-Renard, pour le duo Je pars à l'autre bout du monde: «Et si jamais la terre est ronde / Je reviendrai pour vous chercher.» Et qui, pensez-vous, chante C'est comme ça en Acadie? Ben oui! Édith Butler, sa «cousine» acadienne. Et voilà le Paul, ici avec Lynda Lemay (Mon amour, mon amie) et là avec Luce Dufault et sa voix de blues dans T'envoler...

La chanson appelle l'interprète, répète Daraîche, 65 ans et encore pas mal de dents. «Bon, Le lumberjack, c'était fait pour Richard Desjardins, un gars de l'Abitibi, et pour Le chasseur, j'en ai jamais vu d'autre qu'Yves Lambert», continue le chef de clan qui connaît tous les villages du Québec. «Hey! Ça fait 45 ans que je me promène partout avec ma famille. On fait 2000 km par semaine, dans les Maritimes, en Ontario, dans le Nord aussi. Les Indiens, tu sais, ils écoutent juste de la musique de cowboy...»

Loin de la ville... Paul Daraîche ne garde aucune amertume de ses années d'«exclusion» par les gardiens de la grande culture urbaine: «Au début, ça me faisait un peu suer, mais j'ai appris à vivre avec ça. J'ai toujours bien gagné ma vie. Tout seul ou avec ma famille, on a vendu 1,7 million de disques et de cassettes. À du monde qui aime la musique...»

COUNTRY

PAUL DARAÎCHE

MES AMOURS, MES AMIS

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