En cette fin d'année, le nouvel album de Franz Ferdinand constitue le secret le mieux gardé - et le plus brûlant - de l'actualité rock. On connaît déjà son titre: tonight: Franz Ferdinand. Le premier single, ulysses, vient d'être dévoilé sur la page myspace du groupe. Pour le reste, c'est le black-out total. En attendant la sortie de l'album, le 26 janvier, les fans montréalais du groupe auront droit à un concert intime, mercredi prochain, à la tulipe.

Aucun envoi du cd à la presse par crainte du piratage. Et les journalistes, invités à écouter l'album en avant-première, ont dû s'engager, par écrit, à ne divulguer aucune information sur ledit album avant sa sortie mondiale. Tout ça pour 12 chansons pop! La prudence, quasi paranoïaque, en dit long sur le poids pris par le groupe depuis la sortie de son premier opus, en 2004, et sobrement intitulé Franz Ferdinand - quatre millions d'exemplaires dans le monde!

 

Formé en 2001, le quartuor de glasgow, en écosse, est passé du statut de groupe confidentiel à celui de poids lourd de l'industrie musicale avec son rock euphorisant affûté pour faire «danser les filles». Loin de se reposer sur ses lauriers, déterminé à battre le fer quand il était encore chaud, franz ferdinand a rappliqué en 2005 avec you could have it so much better! «nous essayons d'adopter le rythme en vigueur dans les années 60, quand dylan ou les beatles sortaient un ou deux albums par an», a confié à l'époque bob hardy, le bassiste du groupe. Nouveau carton planétaire. Franz ferdinand - nom emprunté à l'archiduc d'autriche assassiné en 1914 par un fanatique serbe - s'imposent comme les nouveaux sauveurs du rock anglo-saxon, encensés par les rappeurs (kanye west et snoop dog) et les hommes politiques: tony blair a même hissé franz ferdinand en tête de ses groupes préférés.

Recharger les batteries

Pour cette troisième livraison, les quatre de glasgow ont choisi de prendre leur temps. «après la fin de notre tournée, nous étions vraiment sur les rotules, il fallait se poser, recharger les batteries», confirme aujourd'hui alex kapranos, chanteur et leader du quatuor écossais, resté fidèle à sa maison de disques (le label indépendant domino) malgré les ponts d'or offerts par les majors.

«Nous avons reçu beaucoup de propositions, confirme alex. Nous les avons toutes déclinées. De toute façon, les majors sont une espèce en voie de disparition. Et puis chez domino, nous disposons d'une liberté artistique totale, de la musique en passant par les vidéoclips et la pochette de l'album.»

Dévoilée ces derniers jours, ladite pochette montre, sous forme de cliché rétro, une scène de crime nocturne inspirée du célèbre photographe new-yorkais arthur fellig: au premier plan, alex apostrophe en pleine rue un paparazzi caché derrière son objectif. Au sol, un membre du groupe - blessé ou mort? - entouré de ses deux acolytes qui lui font un massage cardiaque. Une métaphore du succès et de ses aléas? En tout cas, le groupe, qui aura survécu au succès phénoménal de son premier album sans prendre la grosse tête ni se séparer, signe bel et bien son retour au grand complet. Et en plutôt belle forme.

Du solide

Côté musique, c'est du solide. Tonight: Franz Ferdinand délivre un rock basique et sophistiqué, euphorisant sans être décervelé. Un cocktail idéal pour enflammer les stades, entre guitares abrasives, séduction pop et beats de la culture dance. Des chansons conçues comme des montagnes russes avec des plages calmes, des montées en puissance vertigineuses, des ballades graciles... Et pourquoi ce titre, tonight: Franz Ferdinand? «Cet album parle essentiellement de la nuit, notre principale source d'inspiration, c'est le moment de tous les possibles pour faire la fête entre potes, se retrouver seul avec soi-même ou sa copine. En studio, nous avons d'ailleurs systématiquement tiré les rideaux pour abolir toute notion de temps», souligne alex.

S'il reste fidèle à la formule du succès, le disque parvient également à surprendre avec une sonorité plus électro et synthétique, «un son rétro-futuriste», dixit alex, à base de synthétiseurs millésimés années 80. C'est le cas du premier single, ulysses. On retiendra également lucid dreams, étonnante chanson qui commence comme un rock classique pour ensuite bifurquer en instrumental techno, tendance ambiant.

«Nous voulons être un groupe radical et populaire, assure alex. En studio, nous ne nous sommes rien interdit pour surprendre l'auditeur et l'amener vers des horizons musicaux inattendus.» L'album possède encore d'autres pépites et quelques surprises, à l'image de la chanson de clôture, petite révolution dans la culture de franz ferdinand. Mais chut, impossible d'en dire plus...

Franz Ferdinand, en spectacle le 3 décembre à la tulipe.