À le voir aller alors que se terminait sa tournée québécoise à Trois-Rivières, samedi soir, on avait peine à croire qu'Adam Cohen a longtemps été l'artiste qui se cherchait dans l'ombre de son célèbre père.

Quelques heures à peine avant de s'envoler vers l'Australie pour une tournée promotionnelle préparant une série de spectacles en mars, Adam Cohen a donné au public trifluvien un spectacle à la fois intense et décontracté, marqué par la spontanéité et la complicité du chanteur avec le multi-instrumentiste Michael Chaves, la guitariste et chanteuse Trish Robb et le trio féminin qui officiait aux cordes.

De son album précédent Like a Man, qui l'a révélé au public québécois et dans lequel on reconnaissait le fils de Leonard, Adam n'a chanté que quatre chansons, dont une version écourtée de Matchbox que lui réclamait une admiratrice et qui n'avait pas été répétée avec le groupe. L'essentiel de ce concert aura donc été consacré aux chansons du tout récent album We Go Home, un disque qu'Adam Cohen a conçu «pour la scène» dans les maisons familiales d'Hydra et de Montréal. Ces chansons, Adam et ses musiciens les ont livrées avec goût et sobriété à un public qui se les était manifestement déjà appropriées.

Il a répondu à l'appel des critiques québécois en chantant la fort belle Fall Apart, truffée de références à son père et à la maison familiale montréalaise. Il a emprunté aux Beatles You Never Give Me Your Money en guise d'intro à sa propre Don't Crack, et comme il a de la suite dans les idées, au rappel, il a conclu So Much to Learn en citant Carry That Weight du même Fab Four dans un enchaînement sur le thème d'un héritage parfois lourd à porter.

Mais samedi, Adam Cohen n'a surtout pas donné dans la lourdeur. Plus volubile que jamais, il a entrecoupé ses chansons d'anecdotes, de blagues et de reparties spontanées, se permettant même quelques moments de douce folie. Comme cette improvisation aux couleurs reggae sur le thème du téléphone, l'accessoire de scène dont il venait de se servir pendant la chanson What Kind of Woman, et une présentation très ludique de son équipe qui nous valu une pincée de Bach, un soupçon de Bob Marley, un emprunt à Johnny Cash et même un solo d'harmonica trempé dans le blues de la part du directeur de tournée Mike Scoble.

La veille, Adam Cohen nous disait combien il avait été touché par l'accueil du public ces derniers jours, particulièrement au Théâtre Maisonneuve et au Palais Montcalm, les deux plus grandes salles de cette virée qui s'est également arrêtée à Ottawa, Sherbrooke, Drummondville et Chicoutimi.

«Je vis des moments magiques, mais en même temps, je me sens comme une flèche en plein vol. Ça me rappelle mon enfance quand je courais autour d'une fontaine avec un chronomètre et que je me remettais toujours à courir pour abaisser ma marque. Je cherche toujours à m'améliorer, le plus dignement et le plus gracieusement possible.»

À la fin du mois de janvier, Adam va retourner pour un mois en Europe avant de poursuivre sa route vers l'Australie. Par la suite, il fera probablement une tournée des festivals des deux côtés de l'Atlantique. On devrait le revoir l'été prochain.