Personne n'a crié «Zac! Zac!» comme les outardes qui le réveillaient quand il était petit. Mais, comme toujours, tout le monde a chanté, debout, en se faisant aller les pinces dans le traditionnel Crawfish. Et, mardi soir, chacun est reparti content de l'Étoile de Brossard, où Zachary Richard a renoué avec ses vieux fans de la Montérégie.

«Il ne les chante pas comme sur le disque», a dit un des 450 spectateurs à son groupe au sortir de la grande salle du Quartier DIX30. Le monsieur parlait des grands succès du disque Cap Enragé, le magnum opus du Louisianais - Au bord de Lac Bijou, Jean Batailleur, etc. -, des classiques intercalés dans la dizaine de chansons de son nouveau CD Le fou, que Zachary Richard présente sur les scènes québécoises jusqu'à la fin du mois. Un heureux mélange.

Vrai: Zachary Richard ne les chante pas comme sur le disque... D'abord parce qu'il a réarrangé les chansons pour ce show «totale guitare» où il forme un remarquable trio avec Éric Sauviat, un grand musicien, et Sylvain Quesnel, qui joue de la basse dans quatre ou cinq pièces. Avec le Lanaudois Justin Allard à la batterie, Zachary Richard reste, comme à son habitude, dans le haut de gamme orchestral. Il complète, à l'accordéon diatonique et à l'harmonica, l'instrumentation de cette prestation dont le sonorisateur Paul Lepage a été dûment applaudi pour son travail à la balance.

Un raconteur

Il ne les chante pas comme sur le disque de 1996, Zachary Richard, parce qu'il n'a plus la même voix qu'il y a 15 ans quand on a applaudi son spectaculaire retour au Québec et à la chanson française. Mardi, il nous est apparu, sinon enroué, avec comme un voile sur la voix, hésitant parfois dans les hautes comme dans Petit Codiac, une pièce qui n'en a pas moins amené le spectacle à sa vitesse de croisière. Cela dit, quatre chansons plus tard, le chanteur s'est lancé dans une suite parfaite de suraigües qui a laissé la foule pantoise.

Les nouvelles Cliff's Zydeco, La ballade de Jean St-Malo, Orignal ou caribou - «l'histoire d'une bête à cornes en crise identitaire» - et, surtout, Crevasse («dans la digue: mauvais») ont été bien reçues, mais on se demande pourquoi Zachary Richard n'a pas interprété en rappel Lolly Lo, la chanson la plus entraînante de son CD Le fou et, comme premier extrait radio, la seule que ceux qui n'ont pas le disque pourraient connaître...

Comme showman, par ailleurs, le Cadien de LaFayette n'a pas perdu la touche. Bon, il sautille moins qu'à l'époque, mais quand vient le temps de raconter une histoire, il n'a pas son égal. Le fou de Bassan, qui a donné son nom à l'album, n'est pas si fou que ça, dira-t-il: «Il vient au monde au Québec, à l'île Bonaventure, et après, il passe ses hivers en Louisiane...»

Pas fou non plus de présenter le Gaspésien Patrice Michaud, lui-même un grand conteur, en première partie de «Zac! Zac!» Les outardes le criaient, mardi soir en passant au-dessus de l'Étoile: «Belle soirée en ta-bernache!»

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Zachary Richard poursuit sa tournée ce soir à Saint-Jérôme, mardi à Laval et mercredi à Joliette.