Dès le début de la première du nouveau spectacle de Mes Aïeux, présenté mercredi soir au Monument national, c'était frappant de constater à quel point la scénographie illustrait les forces du dernier album du groupe, À l'aube du printemps. Tout était en place pour illuminer la musicalité des chansons tout en nuances et en raffinement.

Pour la tournée baptisée Le tour du printemps, le groupe de Stéphane Archambault a travaillé avec Gabriel Pontbriand de la firme Moment Factory. Le célèbre designer d'éclairage (Yann Perreau, Daniel Bélanger) a conçu des tableaux lumineux inspirés notamment des oies sauvages qui font la couverture d'À l'aube du printemps, sorti en mars dernier.

Les magnifiques jeux de lumière projetés sur un décor de toile (fait à partir de matières recyclées) servent à merveille le folk plus doux et raffiné des nouvelles pièces de Mes Aïeux. En résulte un spectacle posé, mais tout aussi émotif quant aux inquiétudes sociales du groupe, comme si le message des textes gagnait en force grâce à la richesse sonore si bien mise en lumière.

C'était manifeste dès la première pièce, Viens-t-'en, qu'Archambault a interrompue pour raconter comment les « oies sauvages » qui ont fait du bruit au printemps dernier ont pu remplir d'espoir le petit-fils d'un patriarche jadis « déçu de voir son pays qui s'en va » car les gens ne rêvent plus « à quelque chose de plus grand d'eux ».

Pendant Notre-Dame-du-Bon-Conseil, les membres de Mes Aïeux (accompagnés du guitariste Simon Proulx qui remplace Éric Desranleau) ont chanté à tour de rôle. Pendant les airs irlandais de Des réponses à tes questions mis en valeur par des doux éclairages saccadés, l'émotion atteignait aussi parfaitement sa cible.

Avec son album À l'aube du printemps, Mes Aïeux a étoffé son folk-trad en repoussant les frontières de la signature musicale qui lui a permis d'avoir du succès. Sur scène, l'instrumentation des différentes pièces (saxophone, xylophone, harmonica, flûte traversière, percussions et beaucoup de piano joué par Benoît Archambault) atteint un haut de niveau de qualité, au grand plaisir auditif de la foule.

L'ensemble n'est pas cérébral pour longtemps. Entre les chansons, Stéphane Archambault et sa bande se moquent d'eux comme ils blaguent sur l'actualité (certains intermèdes pourraient même être écourtés et moins stagés). Avant La Stakose, les membres Mes Aïeux ont enfilé une perruque de juge. Pendant Histoire de peur, ils ont transporté le public dans un film d'horreur grâce à une scénographie réussie.

Mes Aïeux a eu la bonne idée d'introduire une chanson inédite à son spectacle, La fille du docteur Brochu, et de revisiter ses succès, dont Le repos du guerrier mixé avec Le loup blanc. Une mention spéciale également aux voix unies presqu'a capella de Stéphane Archambault et Marie-Hélène Fortin pendant La Berceuse. De toute beauté.

Pour écrire ces lignes avant de mettre sous presse, nous avons dû quitter à l'entracte. La seconde partie était encore meilleure que la première, nous a-t-on rapporté. Chapeau à Mes Aïeux de ne pas avoir pris la voie musicale facile sans perdre sa fibre sociale. Sa musique a gagné en beauté et en finesse.