À défaut de voir son opéra Prima Donna monté à Montréal, ce dont il ne désespère pas un jour, Rufus Wainwright pourra se consoler à la pensée qu'il a été l'un des premiers à chanter avec l'OSM dans la Maison symphonique de sa ville natale que découvraient encore mercredi soir des spectateurs ébahis.

Ce programme Rufus Wainwright Symphonique, qui affichait complet depuis longtemps, n'était pas un concert pop dans le sens habituel du terme. C'était plutôt une soirée éclectique et éclatée qui célébrait aussi bien la chanson québécoise que l'américaine et la française, mais dont la musique dite classique n'était pas exclue, depuis Le songe d'une nuit d'été de Mendelssohn joué par l'orchestre seul jusqu'aux trois extraits du cycle des Nuits d'été de Berlioz et Gautier - sans doute le moment le plus difficile pour Rufus - sans oublier les cinq sonnets de Shakespeare qu'il a mis en musique pour le Berliner Ensemble et le metteur en scène Robert Wilson. Il était intéressant d'entendre les versions orchestrales des trois premiers que Rufus a enregistrées en s'accompagnant au piano seulement et surtout les deux autres qui sollicitaient davantage sa voix.

C'était surtout une soirée typique de Rufus, avec la participation de sa soeur, ses tantes et sa cousine - émouvante Entre Lajeunesse et la sagesse de la regrettée Kate McGarrigle - de l'humour, des anecdotes et d'inévitables faux pas. Le chef Simon Leclerc et les musiciens de l'OSM n'ont pas l'habitude de devoir s'interrompre en pleine envolée parce que le chanteur a un trou de mémoire. Pas grave, c'est du jazz, pas la cinquième de Mahler, leur a dit Rufus avant de reprendre You Go to My Head en hommage à Judy Garland.

Ce n'était pas la meilleure prestation de Rufus Wainwright à Montréal, sans doute un peu plus nerveux qu'à l'habitude dans cette «salle fantastique». N'empêche, les trois chansons de son cru offertes tout de suite après l'entracte valaient la peine d'être entendues: Vibrate - c'était sûrement la première fois qu'on entendait les mots Britney Spears à la Maison symphonique -, la mozartienne Little Sister et la ballade This Love Affair étaient belles dans leurs atours symphoniques.