Une nouvelle salle de spectacles appelée Le Ministère a ouvert ses portes sur le boulevard Saint-Laurent. Qui est copropriétaire de l'établissement aux installations dernier cri? Louis-Armand Bombardier, qui est aussi derrière le label L-A be et le studio B-12 à Valcourt, et dont le nom de famille ne peut cacher les origines.

Venir d'une famille aussi connue que les Bombardier au Québec, c'est difficile à cacher, surtout quand son prénom ressemble beaucoup à celui du concepteur de la motoneige moderne.

Louis-Armand Bombardier, petit-fils de Joseph-Armand Bombardier, en mène plutôt large dans l'industrie de la musique au Québec. Or, il préfère la discrétion aux caméras.

Avoir son nom? «C'est rushant, confie-t-il. C'est pourquoi j'ai décidé de mener des projets par moi-même, mais pour les autres.»

Le père de deux enfants se voit comme un «facilitateur».

«Je veux faire en sorte que les choses se passent. La vie m'a donné des opportunités et je veux en donner à d'autres.»

Allumé par la musique, Louis-Armand Bombardier a étudié en chant classique au cégep de Saint-Laurent. Peu de temps après, il a perdu sa mère et ce fut une épreuve douloureuse. «Je suis disparu pendant deux ans», raconte-t-il.

Conscient de ses limites comme auteur-compositeur, il s'est ensuite inscrit à l'école Musitechnic. «J'y ai rencontré Nick Carbone et j'ai commencé à travailler en gérance avec Karlof Galovsky.»

Nick Carbone est un bonze de l'industrie qui a moussé les carrières de Mitsou, des B.B. et de Kevin Parent, alors que Karlof Galovsky est un artiste plutôt associé à l'underground montréalais.

«Let Artists Be»

Après quelques stages, notamment chez DKD, Louis-Armand Bombardier a fondé l'étiquette L-A be en 2001. Au départ, il représentait surtout des artistes «champ gauche» comme Psychocaravane, Léopold Z et Tomás Jensen.

En 2011, Louis-Armand Bombardier a voulu donner plus d'envergure à L-A be et il a engagé plusieurs employés. Des artistes aux univers opposés ont rejoint ses rangs, dont Jonathan Painchaud et Keith Kouna.

Qu'ont-ils tous en commun? «Peu de choses. Marc Dupré ne parle pas à VioleTT Pi, blague Louis-Armand Bombardier. Je suis un généraliste. L-A be veut dire Let Artists Be.»

«Pour moi, ce n'est pas un label, mais une boîte de développement culturel. C'est pompeux, mais c'est ce que je fais. Je développe des projets.»

Indépendant de fortune, Louis-Armand Bombardier n'est pas un mécène pour autant. «J'ai un plan d'affaires avec les artistes.»

Louis-Armand Bombardier voit aussi L-A be comme un laboratoire. Récemment, le clip live de Seba et Horg sur Facebook pour la chanson Vintage à l'os a eu plus de 1,5 million de visionnements.

«Pour que des idées fonctionnent, il faut les essayer!», dit-il.

En plus de L-A be, Louis-Armand Bombardier gère le studio B-12, à Valcourt, aménagé dans une ancienne résidence familiale des Bombardier, construite en 1960 par l'architecte Jacques de Blois. De nombreux artistes y ont enregistré du matériel, dont Valaire, Klô Pelgag et Les soeurs Boulay.

«Le projet du studio B-12, je l'ai fait pour la communauté aussi», souligne Louis-Armand Bombardier, qui voudrait également collaborer avec Grosse Lanterne, festival en forêt à Béthanie.

La nouvelle salle Le Ministère

Louis-Armand Bombardier et son équipe gèrent depuis peu la nouvelle salle Le Ministère, aménagée dans une ancienne banque située sur le boulevard Saint-Laurent, qui compte 288 places. À l'étage, on retrouve les bureaux de l'entreprise de réalité virtuelle Beam Me Up, fondée par Yan Cyr, et ceux d'Imaginactive, du frère de Louis-Armand, Charles Bombardier, passionné par les véhicules du futur.

«Quand tu peux être propriétaire, tu n'es pas locataire. J'ai un lieu pour produire des spectacles», dit Louis-Armand Bombardier.

Hier, le Divan Orange a officiellement fermé ses portes avec un spectacle d'Avec pas d'casque. Pendant ce temps, le groupe Plants and Animals donnait le troisième d'une série de spectacles au Ministère pour le 10e anniversaire de son album Parc Avenue.

Les affaires vont très bien pour Le Ministère depuis son ouverture, en septembre dernier. «Je me rends compte que cela comble un petit manque», dit Louis-Armand Bombardier.

Les installations sont plus professionnelles que celles d'un bar, avec des loges, une insonorisation optimale et du matériel audiovisuel qui permet des événements d'entreprises avec du «streaming live». La location de la salle est plus chère que celle de la Sala Rossa, par contre.

«La salle est intime, et l'équipement est haut de gamme», souligne le directeur de la programmation, Xavier Auclair.

«Pour le lancement de l'album de Seba et Horg, nous avons filmé leur arrivée en autobus avec trois caméras et nous avons fait une retransmission sur Facebook», poursuit-il.

De plus, Louis-Armand Bombardier et son équipe préparent un opéra rock avec Les hôtesses d'Hilaire, la suite de West Train (projet d'Erik West-Millette), ainsi que les nouveaux albums de Thomas Hellman et de Sarah Dufour.