Plus d'un an après la mort de Prince, un juge du Minnesota a pris une décision clé dans la bataille judiciaire autour de la fortune du chanteur, en désignant ses six frères et soeurs comme ses héritiers.

«Les héritiers de la fortune ont été désignés comme étant Omarr Baker, Alfred Jackson, Sharon Nelson, Norrine Nelson, John R. Nelson et Tyka Nelson», a précisé le juge Kevin Eide, qui officie dans le comté de Carver, dans le nord des États-Unis.

C'est dans ce comté que se trouve Paisley Park, le domaine où est décédé brutalement, le 21 avril 2016, la star de 57 ans, après une overdose accidentelle de puissants médicaments anti-douleur.

Cette décision ne va pas se traduire immédiatement par un transfert de la fortune de Prince, évaluée à près de 300 millions de dollars, à ces ayants droit.

Elle ouvre d'abord une période d'un an au cours de laquelle toute personne prétendant être de sa famille pourrait encore faire appel.

Si aucun nouvel héritier n'était reconnu pendant ce laps de temps, la décision du juge deviendra définitive.

«Je suis enfin à nouveau la soeur légale de mon frère», s'est réjouie sur Facebook Tyka Nelson, musicienne elle aussi mais au succès limité. «C'est une heureuse journée!»

Le jugement intervient neuf jours après une audition lors de laquelle les frères et soeurs du chanteur avaient appelé le juge à trancher et à mettre fin à des mois de requêtes, parfois farfelues, de gens affirmant être des descendants ou des héritiers de Prince.

Une femme a ainsi prétendu s'être mariée en secret avec lui à Las Vegas. Et un musicien quasi-inconnu a assuré que Prince lui avait promis lors d'une tournée de lui donner tous ses biens.

Cette décision judiciaire pourrait aussi clarifier la question du contrôle du trésor légendaire de chansons non publiées de Prince, qui font déjà l'objet de contrats pour des sorties futures.

Différend avec Universal 

Le juge a fixé une nouvelle audience au 31 mai, afin d'entendre une requête pour annuler un contrat liant le patrimoine de Prince à la maison de disques Universal.

La première maison de disques au monde avait annoncé en grande pompe, plus tôt cette année, s'être assurée de la propriété des droits sur tout le catalogue de Prince à compter du milieu des années 90, lorsque le chanteur avait claqué la porte de la maison rivale Warner, ainsi que sur un nombre non précisé d'enregistrements réalisés avant cette date.

La banque Comerica Bank and Trust, chargée de la gestion des biens de Prince, a cependant demandé à réexaminer ce contrat après avoir reçu des objections des deux parties.

«Universal a été trompée et victime de fraude avec cet accord et demande instamment l'annulation de l'accord et le remboursement de son argent, point final» a indiqué un des responsables de la société, selon des documents versés au dossier.

Pour compliquer les choses, seuls trois des héritiers reconnus de Prince travaillent avec L. Londell McMillan, avocat de longue date de Prince qui a conseillé ses ayants droit sur ce contrat.

D'autres héritiers, dont Tyka, ont accusé McMillan d'avoir mal géré le concert en mémoire de Prince organisé l'an dernier - accusations rejetées par l'avocat.

Prince était un ennemi juré de l'industrie musicale et de ses conventions. Au milieu des années 1990, il se montrait avec le mot «slave» (esclave) écrit sur la joue. Il troqua aussi son nom pour un symbole imprononçable, pour éviter que Warner ne contrôle son extraordinaire production.

Sur la fin de sa vie, la star s'est néanmoins réconciliée avec Warner. La maison de disques devrait sortir le mois prochain une nouvelle édition de son album devenu culte de 1984, Purple Rain, enrichi d'enregistrements jamais publiés.

Le chanteur - qui tranchait dans le monde de la musique par un mode de vie apparemment très sain, ne buvant pas, prônant un régime végétarien et renvoyant les musiciens qui se droguaient - n'a pas laissé de testament et n'avait aucun enfant reconnu.