Greg Lake, le bassiste, guitariste et chanteur d'Emerson, Lake & Palmer [Lucky Man, C'est la vie] est mort hier des suites d'un cancer. Il avait 69 ans. Son décès survient neuf mois après celui de son compagnon de trio, le claviériste Keith Emerson qui s'est donné la mort le 11 mars dernier.

Greg Lake, le bassiste, guitariste et chanteur d'Emerson, Lake & Palmer (Lucky Man, C'est la vie) est mort mercredi d'un cancer. Il avait 69 ans.

Son décès survient neuf mois après celui de son compagnon de trio, le claviériste Keith Emerson qui s'est donné la mort le 11 mars. Ne reste plus du groupe de rock progressif formé en 1970 que le batteur Carl Palmer.

Reconnu pour mêler la musique classique au rock, ELP a donné son premier spectacle montréalais à la Place des Nations de l'île Sainte-Hélène en août 1971, mais on se souvient surtout de son concert symphonique au Stade olympique le 26 août 1977. 

Ce concert auquel ont assisté 73 000 spectateurs aura été le point culminant de la carrière du trio britannique qui s'est étiolée par la suite. Lake avait habité pendant quelques mois à Westmount l'hiver précédent alors qu'il répétait en prévision de cette tournée avec orchestre et il comptait encore des amis à Montréal.

Avant de former ELP, Greg Lake avait été un membre fondateur d'un autre groupe phare du rock progressif, King Crimson. 

C'est sa voix qu'on entend sur les pièces The Court of the Crimson King et 21st Century Schizoid Man. Il a également remplacé John Wetton dans le groupe Asia dans les années 80.

Malgré le succès remarquable de l'album In The Court of The Crimson King, paru en 1969, Lake ne faisait plus partie du groupe de son ami d'enfance Robert Fripp quand il a accepté de chanter sur le deuxième album de King Crimson. Il s'est vite retrouvé avec le claviériste surdoué Keith Emerson, ex-The Nice, et il s'en est fallu de peu pour que Jimi Hendrix se joigne à eux. «De toute façon, je crois que ça n'aurait pas fonctionné avec deux musiciens virtuoses dans le groupe», nous avait dit Lake en 2012.

Défenseur du rock progressif

Cette année-là, Lake s'était arrêté au Gesù pour se raconter en chansons, lui qui venait de terminer la rédaction de son autobiographie en trois tomes, intitulée Lucky Man. Il aurait évidemment préféré faire une tournée mondiale avec Emerson et Palmer, avec qui il avait donné un concert célébrant le 40e anniversaire du trio en 2010 à Londres, mais les deux autres n'étaient pas intéressés.

Lake a toujours défendu le rock progressif qui a perdu des plumes quand l'ouragan punk a balayé les côtes du Royaume-Uni au milieu des années 70.

«La musique progressive a eu son lot d'imposteurs. Pour en jouer, il faut vraiment se tourner vers les racines de la musique européenne. C'est ce qui nous a permis de nous distinguer», affirmait Greg Lake, en entrevue avec La Presse en 2012.

Évidemment, le prog avait également des détracteurs dans le milieu de la musique classique. Quand Emerson et Lake ont joué au Théâtre Maisonneuve en 2010, le claviériste a rappelé en rigolant la réaction de Leonard Bernstein face à leur musique: «Le chanteur n'est pas si mal...»

En effet, au-delà des fans de prog, ELP doit une bonne partie de son succès populaire à la voix et aux ballades de Greg Lake qui a composé Lucky Man, sa première chanson, quand sa mère lui a donné sa première guitare vers l'âge de 13 ans.

«Quand je l'ai écrite, je ne connaissais que quatre accords, nous disait-il. C'était, et c'est encore, une chanson folk très très simple. Mais les plus simples sont les meilleures parce que tu peux les interpréter de tellement de façons différentes.»