Elles tonnent ou pépient sur scène pour combler nos oreilles. Mais certaines ont plus que des notes à partager: nous vous présentons cinq guitares de musiciens québécois sortant de l'ordinaire ou ayant une histoire particulière à livrer.

Étant donné l'impressionnant arsenal de guitares qu'a constitué Steve Hill (lui-même avoue en avoir perdu le compte!), l'homme-orchestre en possédait forcément quelques-unes qui sortaient du lot. Celle qu'il nous a présentée sortait plutôt du lit, où elle s'était couchée sans se démaquiller.

Il fallait du flair pour dénicher cette Gibson Les Paul Junior de 1959. Heureusement pour Steve Hill, son ami «pusher de guitares» n'en manque pas, et l'a guidé en 2011 vers... les dessous d'un lit.

«C'est une adolescente québécoise de 13-14 ans qui avait cette guitare, restée pendant des années dans un étui, sous un lit. Elle l'avait peinturée en rouge au pinceau. Mais mon ami s'est vite rendu compte de ce qu'elle cachait», raconte-t-il.

Sous la peinture se camouflait en effet une TV Model, au coloris jaune. «Des jaunes, en 1959, ils en ont produit entre 200 et 250, c'est très rare et très cher!», précise le guitariste.

La couche de peinture rouge, aisément enlevée, avait même protégé et conservé le corps de cette Gibson momifiée, demeurée intacte. Démasquée, elle s'est vite imposée comme l'une des plus fidèles collaboratrices de Steve Hill ces dernières années.

De toutes les couleurs

La belle guitare au bois dormant eut beau avoir retrouvé son teint d'antan, cela n'empêchera pas le musicien de lui en faire voir de toutes les couleurs.

Trois semaines seulement après l'acquisition, durant les préparatifs d'un spectacle à Los Angeles, Steve fait lourdement chuter la Gibson. Verdict: manche brisé - et probablement toute une gamme de sacres!

Après réparation, deux ans plus tard, un technicien de scène reproduit la bourde. 

[Le technicien] a pété le manche d'aplomb, en deux morceaux. On l'a recollé et la guitare marche encore super bien aujourd'hui»

De nombreuses balafres témoignent d'ailleurs de cette vie très rock'n roll: «Je fais 125 shows par année. Je l'ai maganée en cr...!», s'esclaffe le virtuose.

Une personnalité personnalisée

Steve Hill s'avoue friand du minimalisme des Les Paul Junior des années 50: un micro, deux potentiomètres, deux morceaux de bois, et voilà. Il y a toutefois apporté plusieurs modifications alambiquées (mais réversibles, pour sauvegarder la valeur de l'instrument d'époque) afin d'assurer son rôle d'homme-orchestre jouant guitare, basse et percussions simultanément.

«Je rajoute un système pour tenir une baguette de drum et un pick-up additionnel, qui capte uniquement le son des grosses cordes, pour faire la basse.» Un sacré casse-tête électronique.

«Une guitare comme ça, pour mon projet et pour ce que je fais en ce moment, c'est vraiment l'idéal», conclut-il.

Carte d'identité

Gibson Les Paul Junior TV Model de 1959

Où la voir? 

-Dans les vidéoclips Dangerous ou Damned

-Sur scène! 

Où l'écouter?



-Elle a été très utilisée pour les albums Solo Recordings vol. 2 et Solo Recordings vol. 3

Photo Scott Doubt, fournie par l’artiste

Steve Hill et sa Gibson Les Paul Junior TV Model 1959