Elle régnait sur la musique country lors de son dernier passage au Centre Bell, en 2011. Depuis, Taylor Swift a abandonné ses bottes de cow-girl et remisé ses banjos pour mieux conquérir le territoire de la pop. Ce soir, c'est une chanteuse au sommet de sa gloire et une artiste engagée sur différents fronts qui présentera le répertoire de son plus récent album, 1989, au public montréalais. Coup d'oeil sur trois batailles que mène la nouvelle «militante pop».

Pas de clichés osés ni d'esclandres embarrassants pour l'ancienne princesse du country. Omniprésente sur les réseaux sociaux, Taylor Swift exerce paradoxalement un contrôle serré de son image publique, avouant même au magazine Rolling Stone qu'elle s'assure de l'absence de caméras avant d'utiliser salles d'essayage et salles de bains. Sa réserve a amené certains fans à s'interroger sur l'existence de son nombril (!), jusqu'à ce qu'elle l'expose elle-même sur Instagram afin de court-circuiter des paparazzis l'ayant photographiée en bikini. Les magazines à potins lui prêtent l'étiquette de croqueuse d'hommes? Lasse de voir la dissection de sa vie romantique devenir «un passe-temps national», la chanteuse se réinvente en remplaçant sa succession d'amoureux par une armée de copines célèbres et talentueuses (Lena Dunham, les soeurs Haim, Lorde) et en se présentant comme la meilleure amie idéale.

Le prix de la musique

Taylor Swift n'a fait qu'une bouchée d'Apple sur la question des droits d'auteur, le mois dernier. Dans une lettre ouverte, l'interprète de Shake It Off affirmait trouver «choquante» la décision du géant américain de ne pas rémunérer les artistes pendant la période d'essai gratuite de son nouveau service d'écoute de musique en continu, Apple Music. «Nous ne vous demandons pas d'iPhone gratuits. S'il vous plaît, ne nous demandez pas de vous fournir notre musique sans compensation», a écrit la chanteuse. Quelques heures plus tard, Apple annonçait le paiement de redevances pendant la période d'essai, ce qui a mené Taylor Swift à autoriser la diffusion de son album 1989 sur la nouvelle plateforme. «Swift est parvenue à créer un scénario gagnant pour elle-même, pour Apple et pour tous les artistes», a écrit le magazine Time. L'an dernier, Taylor Swift avait retiré ses chansons du site d'écoute en continu Spotify en déclarant: «On devrait payer pour les choses qui ont de la valeur.»

Un féminisme branché

Authentique profession de foi ou effet de mode? La chanteuse décorée de sept prix Grammy s'est beaucoup exprimée sur sa récente vocation féministe, notamment en appuyant la campagne HeForShe des Nations unies lors de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle. Lorsque le magazine masculin Maxim l'a placée au sommet de sa Hot List (où elle succède à un mannequin de Victoria's Secret), elle a accepté cet «incroyable compliment» avant de déclarer à la publication: «La misogynie est enracinée dans les gens depuis leur naissance.» Et même si elle s'y montre harnachée de corsets de cuir et réappliquant du rouge à lèvres en plein combat en compagnie d'une douzaine de vedettes jouant les guerrières, son dernier vidéoclip, Bad Blood, a été reçu par certains comme une vision rafraîchie du girl power.

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Au Centre Bell ce soir, 19h30. Première partie: Vance Joy.