Depuis 2006, Donald Glover, alias Childish Gambino, change sans cesse de casquette, passant du statut de scénariste à celui d'acteur, d'humoriste à rappeur. Ce soir, le chanteur rap californien montera sur les planches du Métropolis dans le cadre de sa tournée The Deep Web, dont la scénographie est assurée par la boîte montréalaise Moment Factory.

Fidèle représentant de la culture hip-hop alternative, Childish Gambino a un parcours qui le distingue de ses homologues. Qui aurait prédit qu'un humoriste voudrait réinventer le rap?

C'est à la New York University (NYU) que Donald Glover découvre la scénarisation, alors qu'il étudie l'écriture dramatique. Il forme avec quatre amis le collectif Derrick Comedy, qui fait un tabac sur YouTube au milieu des années 2000 grâce à des sketches d'humour qui détonnent.

Sa plume acérée le fait remarquer et on lui offre un siège au sein de l'équipe de scénarisation de la série 30 Rock, créée par Tina Fey et diffusée sur la chaîne NBC.

En 2009, l'écrivain passe devant la caméra et devient Troy, le nerd de la série Community, aussi à l'antenne de NBC.

Entre-temps, il révèle sa personnalité de rappeur en lançant ses premiers EP, notamment la pièce Freaks and Geeks, un air rapidement repris dans une campagne publicitaire d'Adidas.

Avec son premier opus Camp, lancé en 2011, Childish Gambino se bâtit une niche dans la nouvelle garde du hip-hop. On le considère désormais comme le «geek hypersensible» de cette nouvelle génération de rappeurs (Mac Miller, Kendrick Lamar, J. Cole) qui extériorisent leurs démons plutôt que de véhiculer les mythes du «gangsta rap».

En décembre dernier, le rappeur de 30 ans lance Because the Internet, un projet pharaonique de 19 titres accompagné d'un court métrage et d'un site web qui présente chaque pièce sous la forme d'un récit divisé en actes. Une réponse aux critiques qui lui reprochaient l'absence de fil conducteur de son premier album.

Pour ce deuxième opus, Gambino passe l'internet au crible. Bien que l'ère numérique l'ait propulsé, elle l'a aussi isolé. Adepte des médias sociaux, l'enfant du Net est fasciné par ce monde codé bâti dans une «inconscience humaine collective» qui nous enferme dans une bulle.

Univers numérique

Pour sa tournée The Deep Web, Childish Gambino a demandé à la boîte montréalaise Moment Factory d'apposer sa marque créative sur la scénographie futuriste qu'il avait en tête.

Le spectacle s'arrêtera dans quelque 40 villes nord-américaines. La collaboration entre l'équipe de Moment Factory et le rappeur est encore plus importante que celle des tournées d'Arcade Fire ou de Miley Cyrus, deux autres projets de l'entreprise montréalaise.

«C'est la seule tournée dont on signe tout le contenu, explique à La Presse le producteur de la tournée, Daniel Jean. Donald Glover voit gros et on aime bien accompagner un artiste comme lui dans sa démarche.»

Gambino a participé à la conception du spectacle dès le début du processus créatif.

«Il nous a présenté un script du spectacle. On est parti de ça pour conceptualiser l'environnement qu'on voulait créer, indique M. Jean. Donald avait plusieurs demandes. Il nous a demandé, par exemple, de recréer le manoir où il a enregistré son album.»

Le public pourra admirer des animations multimédias projetées en continu sur un écran de fond et deux colonnes de projection à l'avant-scène. Un groupe de musiciens se déplacera avec le décor en plus de conférer un son plus organique à la prestation du rappeur.

Ce qu'on peut admirer de Childish Gambino, c'est son insatiable soif d'explorer. L'expérience tentée avec Moment Factory lui permettra sans doute de faire vivre à ses fans une épopée musicale rarement associée au hip-hop alternatif.

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Ce soir, 20h, au Métropolis.