Serge Fiori a établi un rapport privilégié avec ses fans, qui s'approprient ses chansons. Quand on lui demande quel artiste lui fait le même effet, la réponse ne tarde pas.

«Joni Mitchell. C'est le bon Dieu pour moi. J'aime tous ses albums, de Blue et For the Roses à Heijira. Elle m'a fait le coup à chacun de ses albums: tu le déposes sur ta table tournante, tu te couches par terre et tu te mets en petite boule puis elle t'enveloppe.»

C'est l'arrangeur et coréalisateur du premier album d'Harmonium qui l'a initié à l'oeuvre de l'artiste canadienne: «Il a senti quelque chose. Il m'a assis devant des haut-parleurs avec tous les disques de Joni Mitchell pendant des soirées, des semaines et des mois de temps. Je la connaissais, mais pas autant. Lui, il m'a ramassé.»

Fiori s'est reconnu dans la démarche de Joni Mitchell, lui qui ne note jamais les chansons qui lui trottent dans la tête. S'il les oublie, c'est qu'elles n'étaient pas assez bonnes, croit-il.

«Elle écrivait de la même façon que moi. J'ai vu un documentaire de Graham Nash qui a vécu en couple avec elle. Nash pleurait de souffrance de voir Joni s'asseoir au piano, pendant que lui était à l'étage et la regardait faire. Elle tombait dans un état second et se mettait à «blower» et à improviser, et le texte et la musique sortaient. Elle ne notait rien, elle s'en allait faire autre chose, des toasts peut-être. Puis elle revenait et ça recommençait. Si la chanson était encore là, elle continuait.»