Elle a gagné La voix et, au moment de présenter son disque L'été des orages, Valérie Carpentier rêve à voix haute d'aller chanter jusqu'en France. «Si ça pouvait être avec ce disque-là, ce serait malade!», lance-t-elle. Portrait morcelé d'une idole instantanée.

Premier disque (encore)

Valérie Carpentier dit que L'été des orages est son premier «vrai album». La précision s'impose, car elle a publié il y a trois ans un disque de reprises de Diane Dufresne, remis en marché par les Disques Tox dans la foulée de son passage à La voix. «J'ai fini par toucher de l'argent sur ce premier album-là! se réjouit-elle. En trois ans, il s'en était vendu peut-être 80 ou 100 copies et, depuis que je suis passée à La voix, on en a vendu 10 000. L'album n'est pas meilleur, c'est juste que les gens me connaissent. C'est cool!»

Accidents de parcours

«Dans la vie, au fond, je suis une décrocheuse involontaire», s'amuse Valérie Carpentier. Elle a abandonné sa formation en théâtre musical au bout d'un an. En fait, elle n'y est jamais retournée après la grève étudiante du printemps 2012. Elle dit s'être rendu compte, en enfilant les cours de chant, de comédie et de danse, qu'elle n'aimait pas jouer la comédie et qu'elle préférait se concentrer sur le chant. Valérie a alors entrepris une formation en chant jazz... qu'elle a fini par abandonner au bout de quelques mois pour se concentrer sur La voix.

Une chanson à elle

Valérie Carpentier chante depuis qu'elle est toute petite et a composé ses premières chansons vers 14 ou 15 ans. Sur L'été des orages, il y a justement une chanson dont elle signe à la fois les paroles et la musique. Elle s'intitule La rose rouge et ouvre le disque. La jeune chanteuse dit qu'elle aurait souhaité en mettre plus, mais qu'elle a cru bon de n'enregistrer que sa chanson la plus «finie». «Je me suis dit que c'était parfait d'avoir la meilleure de mes compositions sur ce disque-là, dit-elle sagement. Parce que ce n'est pas tous les jours que des auteurs comme ça t'écrivent des chansons...»

Sous l'oeil d'Ariane

Guidée par Ariane Moffatt à la télé, Valérie Carpentier profite aujourd'hui de son carnet de numéros de téléphone. Marie-Pierre Arthur, Yann Perreau, Joseph Marchand, Alex McMahon, Pierre Lapointe, Daniel Bélanger, presque tous les auteurs, compositeurs, musiciens et arrangeurs qui ont participé à ce disque sont des amis et des collaborateurs artistiques de son ancienne coach. Curieux destin pour une fille qui n'avait jamais entendu un disque d'Ariane Moffatt au complet avant de travailler avec elle. «J'en ai écouté deux au complet, dit-elle maintenant. C'est super bon, mais elle fait des trucs très électros et je tripe moins là-dessus.» On ne pourra pas l'accuser d'être lèche-bottes...

Sixties romantiques

«Je ne suis pas très à la page», estime Valérie Carpentier. Elle découvre les groupes underground «quand ils ne sont plus underground», elle aime Brel, Bob Dylan et Barbara. Vu la tessiture de sa voix - un brin voilée, assez chaude, ronde parfois -, opter pour de la pop teintée de soul aurait été une option. Sa pop en garde de très légères traces, mais mélange surtout des effluves sixties, un soupçon de jazz et un fond de chanson française. «Ça parle aussi d'histoires qu'on vit à 20 ans, alors il fallait que, au niveau des sonorités, ça reste un peu naïf. Avec une certaine profondeur», juge-t-elle.

Perreau et la lune

De Yann Perreau, Valérie Carpentier ne connaissait que La vie n'est pas qu'une salope. «Je m'attendais à ce qu'il m'écrive quelque chose de plustrashy et je trouvais ça cool comme idée», raconte la chanteuse. Elle a été surprise: Yann Perreau, auteur-compositeur noctambule et charnel s'il en est, lui a plutôt écrit une ballade sentimentale où il est question de «plage déserte», de «chant d'oiseau du paradis» et d'étoiles qui frissonnent dans le ciel. Ariane Moffatt, elle, offre à celle qui fut son apprentie une jolie chanson d'errance nocturne intitulée Sweet insomnie. Un morceau d'ambiance particulièrement réussi.