La «soul nue» teintée de sonorités jamaïcaines et de rythmes «dubstep» de la jeune Selah Sue a raflé tous les suffrages lundi soir à l'Olympia de Paris. L'artiste belge de 22 ans a remporté le 10e Prix Constantin, face à neuf autres jeunes pousses venues de tous les horizons musicaux, mais toutes des productions ou signatures françaises.

«Bien sûr, je suis heureuse, car cette victoire, c'est la confirmation qu'entre la France et moi, ça va bien!», a expliqué en français l'artiste flamande dans les coulisses, coiffée de son immense chignon blond et serrant des deux mains son trophée, un petit avion gris en acier brossé.

Enfant, la lauréate ne se destinait pas initialement à la musique mais à la danse classique, une discipline qu'elle a pratiquée de six à douze ans. Adolescente, c'est en composant à la guitare, et en couchant ses maux sur ses cahiers de lycéenne qu'elle est venue à bout de quelques angoisses existentielles.

Nourrie de références musicales allant de Lauryn Hill à Eryhka Badu en passant par les deux Bob, Dylan et Marley, la jeune Flamande a ensuite posté ses compositions sur MySpace, drainant très rapidement une petite communauté de fans, avant que le label parisien Because Music ne s'intéresse à elle et la signe dans la foulée.

Porté par des titres profonds et poignants comme Mommy ou Crazy Vibes, le premier album de Selah Sue, éponyme, est sorti au printemps 2011. Il a été certifié disque de platine, soit 85 000 copies écoulées, en septembre.

«Le choix de Selah Sue est le fruit d'un consensus relativement posé parmi les membres du jury», a glissé à l'Associated Press le président du jury Gaëtan Roussel à l'issue du concert au cours duquel chacun des dix candidats en lice s'est produit sur scène. «Ce qui m'a d'abord touché chez Selah Sue, c'est sa voix mais son album vaut plusieurs écoutes», a ajouté l'ancien membre du groupe Louise Attaque, récompensé pour son travail en solo en début d'année par trois Victoires de la musique.